Depuis que le Nutri-Score a fait son apparition dans les supermarchés français en 2018, 500 marques l’ont adopté, soit 12 fois plus qu’il y a deux ans. Résultat : 57% des personnes connaissant le logo ont modifié leurs habitudes de consommation. Mais les valeurs nutritionnelles, classifiées de A à E, certifient-elles la qualité du produit ? L’équipe Dr.Good! vous répond.
Foie gras, chapon, bûche... suivis de près par la galette ! En cette période morose, les plaisirs de la table remontent le moral. Pour autant, vous êtes de plus en plus nombreux à vous soucier de la qualité de votre alimentation, comme le prouve une série d'enquêtes menées par Santé Publique France sur le logo Nutri-Score, publiées cette semaine.
Cette étiquette permet de classer les produits transformés et les boissons grâce à une couleur et à une lettre (de A à E) en fonction de leur qualité nutritionnelle.
Le score obtenu met en balance des éléments favorables (teneurs en fibres, protéines, fruits & légumes) et ceux à limiter (sucres, acides gras saturés, sel). Si cette transparence rassure, ce label a-t-il changé les modes de consommation et les industriels l’ont-ils adopté ? Dr Good a épluché les enquêtes pour répondre.
Le logo s'est installé dans le paysage de la consommation. 93 % des personnes interrogées par Santé Publique France ont déjà entendu parler de Nutri-Score et vous êtes une grande majorité à adhérer à cette démarche de transparence nutritionnelle. 9 Français sur dix considèrent ce logo utile et 89 % estiment même que le Nutri-Score devrait obligatoirement figurer sur tous les produits.
Or, pour le moment, cette information nutritionnelle dépend de la bonne volonté des marques. Cependant, depuis le 1er janvier, le logo doit apparaître sur tous les supports publicitaires pour des denrées alimentaires.
Aujourd'hui, 500 marques ont adopté le Nutri-Score; elles n'étaient qu'une quarantaine en 2018. Et en 2020, la plupart des distributeurs ont apposé le logo sur tous les produits de leurs marques propres. Ils ont même le droit d'ajouter le Nutri-Score sur les produits qu'ils vendent en ligne, à condition de prévenir la marque.
Beaucoup d'industriels ont en fait compris que la démarche représentait un avantage concurrentiel. En effet, 70 % des Français déclarent avoir une meilleure image des marques qui ont apposé ce label.
Le Nutri-score s'avère être un vrai levier de changement. Les études menées par Santé Publique France révèlent que 57 % des personnes connaissant le logo ont modifié leurs habitudes d'achat.
Pour mieux manger, elles changent de marque, choisissent un produit avec un meilleur score, voire limitent l'achat de produits peu sains, ou encore changent durablement certaines habitudes alimentaires.
Et vous êtes de plus en plus nombreux à faire le tri dans les rayons de vos supermarchés puisqu'en un an, ces changements de comportements touchent en moyenne 10 % de Français en plus.
Il faut dire que les écarts sont notables : des lasagnes à la bolognaise vendues en grande distribution peuvent, par exemple, être classées en A, B, C ou même D selon les marques.
Ce petit logo d'apparence toute simple a été validé par de nombreuses études qui ont démontré que le système de classement était capable de caractériser la qualité nutritionnelle des aliments.
Ensuite, son impact a été mesuré : une étude parue en septembre dans une revue scientifique a par exemple révélé que la consommation d’aliments moins bien classés par le logo pouvait être associée à une mortalité accrue. En 2018, des chercheurs français ont suggéré que des aliments mal notés augmentaient les risques de cancer de 7 %.
Cependant, l'outil n'est pas parfait puisqu'il ne prend pas en compte de nombreux composants nutritionnels, importants pour notre santé, tels que le degré de transformation, la présence d’additifs, de pesticides ou encore le fait d’être issu de l'agriculture biologique.
Et n'oubliez pas que manger une toute petite quantité d'un produit classé D est moins grave que d'avaler des kilos d'aliments classés B....
La Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Suisse l'ont adopté. Mais il ne fait pas l'unanimité en Europe. Un groupe de 7 pays (Italie, République tchèque, Grèce, Hongrie, Roumanie, Lettonie et Chypre) fait de la résistance. Ils estiment que « ce système d’étiquetage pourrait discriminer des aliments de qualité, qu'il ne tient pas compte de la consommation quotidienne, ce qui signifie que l’huile d’olive ne sera pas classée par Nutri-score comme un aliment vraiment sain ».
Malgré tout, la Commission européenne s’est engagée à proposer un étiquetage simplifié obligatoire à l’avant des emballages d’ici la fin de l’année 2022.