On parle souvent du poids que l’on prend pendant la péri-ménopause en lien avec les changements hormonaux et physiques. Mais plus rarement du poids émotionnel lié à cette période.
par Laurence Haurat, nutritionniste, psychologue
Les kilos émotionnels avec la ménopause, ça existe vraiment ?
On parle souvent du poids que l’on prend pendant la péri-ménopause en lien avec les changements hormonaux et physiques. Mais plus rarement du poids émotionnel lié à cette période. Et chez une femme de 45 à 55 ans, il peut se passer beaucoup de chamboulements émotionnels : dans la vie conjugale, professionnelle ou parce que les enfants quittent le nid (ce qu’on appelle le « syndrome du nid vide ») et qu’il y a un sentiment d’abandon, de vacuité.
C’est un moment où les femmes peuvent avoir envie de trouver du plaisir et de compenser le manque avec leur alimentation. Dans certains cas, la béquille alimentaire fonctionne et c’est bien, il ne faut pas s’en priver. Mais il y a sans doute des sources de plaisir différentes, de compensation qui peuvent être actionnées comme la méditation, sortir avec des amis, réinvestir une vie culturelle, se promener… Et pour continuer à prendre la vie du bon côté, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel de santé.
Existe-t-il des aliments spécial ménopause ?
Pas vraiment ! C’est vrai, on trouve beaucoup de réponses sur internet : des aliments qui augmentent l’apport en calcium et en vitamine D, pour limiter les risques d’ostéoporose, la fragilité osseuse ; ceux riches en omega 3 pour améliorer l’humeur et l’élasticité de la peau ; une bonne hydratation pour améliorer le transit intestinal… Et puis, il y a les conseils diététiques qui s’adressent à tous : moins de sucres raffinés, moins de produits transformés, moins de gras, moins de sel….
Ce sont de bons conseils mais ils peuvent vous mettre en échec parce que difficiles à mettre en place et à tenir dans le temps. Je vous propose de prendre les choses de manière pragmatique : essayez de faire bouger une chose qui ne vous est pas coûteuse. Par exemple, boire moins d’alcool parce que vous le digérez mal. Ou prendre plaisir à manger un cookie en le dégustant plutôt qu’avaler la boîte avec culpabilité. Le but n’est pas d’avoir une alimentation parfaite mais une alimentation qui vous convient le mieux.
L’alimentation peut-elle devenir un sujet obsessionnel avec l’âge ?
Lorsqu’on arrive à 50 ans, on s’est déjà posé de nombreuses questions sur son alimentation, son poids. On a fait des choix, adopté des routines, des rituels. On a parfois fait de nombreux régimes et retenu quelques règles qui nous conviennent plus ou moins… Et puis arrive la péri-ménopause, ces 10 années pendant lesquelles le corps va enclencher de nouveaux fonctionnements, devoir s’adapter à une nouvelle donne hormonale. Il va changer et ce qui fonctionnait avant ne va plus avoir les mêmes effets ; ou ce qui ne fonctionnait pas, ne fonctionne toujours pas mieux.
Alors on ou je vois des femmes se poser mille questions sur ce qu’il est bon de manger (ou pas, découvrir qu’elles ne peuvent plus boire ce qu’elles veulent ou manger dans les mêmes quantités). Elles vont tenter des choses, les arrêter trop vite, ne pas bien mesurer l’impact sur leur corps. Dans ces cas-là, l’alimentation tourne à l’obsession, elle devient conflictuelle. Un diététicien comportementaliste ou un nutritionniste de confiance peut vous aider à sortir de cette situation.
Pourquoi les régimes ne fonctionnent pas pendant la ménopause ?
Les régimes ne fonctionnent pas plus pendant la ménopause qu’avant. Ils ne garantissent pas de perdre du poids durablement et imposent des privations, des restrictions et des modifications nutritionnelles qui sont préjudiciables à la santé physique et mentale. D’autant plus qu’en cette période troublée pendant laquelle le corps opère des transformations, cherche un nouveau mode de fonctionnement, il est nécessaire d’apprendre à le re-connaître ou se le réapproprier. Plus que jamais, c’est important de comprendre ses besoins, d’apprendre à s’écouter et de répondre de la manière la plus adéquate possible à ses signaux de faim, de rassasiement.
Les envies et leur satisfaction, qui traduisent des besoins plus psycho-affectifs, ont aussi besoin d’être entendus pour finalement trouver un nouveau poids d’équilibre