La France se prépare à utiliser les vaccins de Pfizer et Moderna à partir de la fin de l’année 2020 mais plusieurs questions se posent : quels sont les effets secondaires à long terme de ces vaccins ? Quelle sera la liste définitive des personnes prioritaires ? Quel sera le prix de la vaccination ? L’équipe Dr.Good! vous répond.
La campagne de vaccination devrait débuter « fin décembre, début janvier » et elle ne sera pas obligatoire, a annoncé Emmanuel Macron mardi soir. « Les personnes âgées » et « les plus fragiles » seront prioritaires.
Les premiers vaccins sur le marché seront ceux de Pfizer et Moderna mais une deuxième génération de vaccins « arrivera au printemps », a indiqué le chef de l'Etat.
Si les taux d'efficacité avancés par les laboratoires sont rassurants et dépassent ceux de la grippe, les études en cours ne permettent pas de dire pendant combien de temps les personnes vaccinées seront protégées.
Par ailleurs, des défis logistiques compliquent la mise sur pied de cette campagne d'une ampleur inédite. Sans compter que 54 % seulement des Français se disent prêts à se vacciner alors qu'il faudrait que 60 à 70 % de la population le soit pour atteindre une bonne couverture vaccinale.
La prouesse technologique s'explique d'abord par le fait que le SARS-Cov2 n'était pas inconnu. Les épidémies liées à d'autres coronavirus ont permis de mieux connaître l'agent infectieux. C'est en effet la partie la plus longue dans l'élaboration d'un vaccin. Et le Sars-Cov2 mute nettement moins que des virus tels que celui du VIH ou de la grippe.
En outre, les premiers vaccins prêts à être administrés sont des vaccins à ARN qui reposent sur une technique inédite et innovante mais qui est beaucoup moins complexe à produire. Pour gagner du temps, les essais cliniques de phase 1, 2 et 3 ont été menés en parallèle et non successivement comme c'est le cas habituellement.
Enfin, la phase d'autorisation administrative a elle aussi été compressée : les autorités vont délivrer une autorisation conditionnelle exigeant moins de résultats d'études mais donc restreinte à certains groupes de population.
95 % pour Pfizer, 94,5 % pour Moderna, 70 % pour Astra-Zeneca... Ces chiffres rassurants sur l'efficacité doivent être pris avec précaution.
Tout d'abord, ils ont été testés en moyenne sur une grosse centaine de patients. Ensuite, cette protection n'a été constatée que quelques semaines après l'injection. Nous ne savons donc toujours pas pendant combien de temps le vaccin confère une immunité.
Quant aux effets secondaires, peu d'informations à ce stade. Le laboratoire Moderna a par exemple précisé que 8,9 % des participants ont souffert de douleurs musculaires, 9,7 % de fatigue, 4,5 % de maux de têtes, et 2 % de rougeurs.
Mais à plus long terme, la question reste entière, notamment avec des vaccins à ARN dont la technique est inédite. Cependant, tous les spécialistes préviennent qu'il n'est pas possible à l'ARN de s'intégrer dans un génome humain.
Trouver le vaccin ne suffit pas. Encore faut-il être capable de le fabriquer en très grande quantité et en un temps record. Un défi de taille puisque 15 milliards de doses de vaccins seront sans doute nécessaires pour vacciner la population mondiale. Les laboratoires Pfizer et Moderna ne sont pour le moment pas en mesure de produire plus que 50 millions de doses pour début janvier. Mais les pré-commandes massives des Etats vont leur permettre d'investir dans leur outil de production en aménageant des usines.
En outre, certaines étapes de la production seront confiées à des sous-traitants. Plusieurs vaccins seront nécessaires pour répondre à la demande.
Les professionnels de santé et du médico-social, mai aussi les personnes à risques de développer une forme grave et les personnes âgées sont les premiers sur la liste. La Haute Autorité de Santé doit cependant annoncer début décembre une liste plus précise des publics prioritaires.
Enfin, généralistes, infirmières et personnels des maisons de retraite seront appelés à la rescousse pour vacciner. Pas question de rééditer les erreurs du H1N1 où la médecine de ville avait été exclue des campagnes de vaccination.
Tout d'abord, le prix sera variable selon les vaccins. Ceux à ARN (Pfizer et Moderna) devraient coûter entre 15 et 25 euros la dose, contre 2,5 euros pour le vaccin d'Astra-Zeneca élaboré à partir de la technique traditionnelle.
Les négociations sont encore en cours et le coût de la logistique va alourdir la facture. Surtout si les conditions de conservation exigent des systèmes de réfrigération allant jusqu'à -70°.
Le gouvernement a déjà provisionné 1,5 milliard d'euros pour 2021 au budget de la sécurité sociale. Et s'il n'est pas pris en charge à 100 %, de nombreuses mutuelles ont déjà fait savoir leur intention de le rembourser intégralement.