Covid-19 : les variants imposent de nouvelles restrictions
24 février 2021

Covid-19 : les variants imposent de nouvelles restrictions

De nouveaux variants commencent à toucher la France, en particulier celui britannique. Nous assistons à une hausse de 40% par semaine des autres variants. À la mi-mars, les scientifiques prévoient que le virus britannique ait remplacé l’ancien variant. Quels risques découlent de ces nouvelles contaminations ? Quelles solutions sont à notre disposition pour endiguer la propagation ? Le Pr Philippe Amouyel, professeur de santé publique à l’Université de Lille, nous livre son point de vue. 

On n’avait pas vraiment besoin de ça… Mais c’est un fait, le variant britannique se diffuse en France à vitesse grand V. Selon Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP, 45 % des patients hospitalisés en Ile-de-France sont contaminés par le variant britannique (36 % en France).
Et puis il y a les autres qui nous guettent : le variant brésilien, le sud-africain… La bonne nouvelle, c’est qu’on commence à être organisés. Mais pour faire face à ce nouveau variant et à sa vitesse de propagation, de nouvelles questions se posent.
Capacités hospitalières, vaccination, confinement…
Dans les Alpes-Maritimes, un reconfinement pour les deux prochains week-ends a été décrété sur tout le littoral du département. Mais cette mesure peut-elle être étendue à d'autres régions, notamment en Ile-de-France?

Tour d’horizon des enjeux liés au variant britannique, avec le Pr Philippe Amouyel, professeur de santé publique à l’université de Lille.

Le variant britannique va-t-il remplacer l’ancien variant ?

Pr Philippe Amouyel. Oui, c’est ce qui est en train de se passer. Le variant britannique remplace les autres variants à toute vitesse. Actuellement, on assiste à une baisse de 6 % des anciens variants par semaine et à une hausse de 40 % par semaine des autres variants. On estime que mi-mars, « du fait » de son profil beaucoup plus contagieux (40 à 70 % plus contaminant que l’ancienne souche), le virus britannique aura remplacé l’ancien variant.

Quel impact a ce nouveau variant sur l’épidémie ?

Pr Philippe Amouyel. Quand le nouveau variant sera devenu majoritaire, on peut s’attendre à des taux élevés de contaminations. Le variant britannique n’est pas plus grave, mais s’il y a plus de personnes contaminées, il y aura plus de formes graves, ce qui fait peser un risque certain sur l’hôpital et ses capacités d’admission.
Il s’agit ici de projections, et non de prévisions ; il est toujours possible d’agir sur cette courbe et d’infléchir la propagation du virus pour faire mentir ces projections.
L’impact de ce nouveau variant sera lié aux mesures que l’on prendra pour endiguer sa progression. Mais les mesures actuelles ne semblent pas suffisantes. On tourne à 20 000 cas par jour (alors qu’on devait sortir du confinement à 5000 cas par jour) et 300 à 400 personnes meurent tous les jours du Covid en France, ce qui est énorme.

Faut-il augmenter les restrictions selon vous ?

Pr Philippe Amouyel. Oui, et en particulier au moment où le virus circule le plus, à savoir : le week-end lors des réunions familiales ou entre amis, car on abandonne les gestes barrières, on baisse la garde. Je pense qu’un confinement a minima le week-end s’impose, car c’est vraiment là où il y a le plus de mouvements.
Il faut aussi renforcer les gestes barrières pendant les réunions familiales ; porter un masque (de bonne qualité : masques chirurgicaux ou masques catégorie 1), et ce, même à table, car c’est quand on parle qu’on diffuse les particules virales. On soulève le masque juste pour la fourchette, et on le remet.
Par ailleurs, il faut organiser un dépistage massif. Lors des fêtes de fin d’année, les Français avaient été nombreux à se dépister pour éviter de contaminer leurs proches. Du coup, les contaminations ont été maîtrisées à cette époque. Il faut remettre en place ce dépistage massif, mais aussi mettre le paquet sur l’isolement et la vaccination.

Les vaccins sont-ils efficaces sur les nouveaux variants ?

Pr Philippe Amouyel. Sur le variant britannique, les données confirment son efficacité. En Israël, par exemple, la population a été massivement vaccinée, et l’on assiste à un effondrement des hospitalisations. Idem en Angleterre : le nombre d’hospitalisations baisse depuis la campagne massive de vaccination. Il y a des doutes sur l’efficacité des vaccins contre les souches sud-africaine et brésilienne, mais il nous faut plus d’études pour étayer cela.