Dans plusieurs villes, les bars sont fermés jusqu'au 19 octobre contrairement aux restaurants. Cette différence de traitement repose-t-elle sur un risque de contamination différent ? Les preuves sont ténues mais de nombreux pays européens ont déjà adopté cette stratégie depuis des mois.
Sans surprise, Paris et les 3 départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) ont été placés le 5 octobre en "zone d'alerte maximale". Résultat : les bars sont fermés jusqu'au 19 octobre. Pour freiner l'épidémie, le gouvernement a pris une mesure moins drastique pour les restaurants, qui devront notamment noter les noms et coordonnées de tous leurs clients. A Marseille et Aix-en-Provence, bars et cafés sans cuisine maintiendront aussi portes closes alors que les restaurants peuvent à nouveau accueillir des clients. Cette différence de traitement repose-t-elle sur un risque de contamination différent ? Les preuves sont ténues mais de nombreux pays européens ont déjà adopté cette stratégie depuis des mois.
Une étude américaine publiée en septembre et menée auprès de 300 personnes a révélé que les cas positifs au Covid étaient 2,8 fois plus nombreux à avoir fréquenté des restaurants que les cas négatifs. Est-ce la preuve absolue ? Non, répondent évidemment les représentants des restaurateurs. Mais, les auteurs de cette étude reconnaissent eux-mêmes que les personnes positives ont peut-être participé à d'autres activités les exposant au virus.
De plus, les 314 patients étaient volontaires pour se faire dépister. « Les personnes qui n'ont pas répondu, ou qui ont refusé de participer, pourraient être systématiquement différentes de celles qui ont été interrogées dans le cadre de cette enquête », précisent les chercheurs.
Les restaurants américains utilisent beaucoup plus la climatisation qu'en France, qui a tendance à favoriser la propagation du virus. Il faudrait donc d'autres études pour évaluer réellement le risque dans les restaurants.
Si l'on en croit cette même étude américaine, la réponse est oui. Le nombre de personnes infectées était 3,9 fois plus important parmi ceux ayant fréquenté des bars comparé aux personnes négatives. Contre 2,8 pour les restaurants. Cette différence peut s'expliquer de plusieurs manières. D'une part, la diffusion de musique dans les bars oblige à parler plus fort et à se rapprocher de ses interlocuteurs, ce qui représente des situations à risque. En outre, la consommation d'alcool a tendance à faire baisser la vigilance et donc le respect des gestes barrières.
D’ailleurs, les nouvelles restrictions prises à Paris et dans la petite couronne concernent toutes les situations festives : mariage, soirées étudiantes, vente à emporter d'alcool...
Ce protocole prévoit une distance minimale de 1m entre les tables, un nombre de convives par table limité à 6 et un recensement des coordonnées des clients pour faciliter le traçage des cas contacts. Plusieurs pays européens (Allemagne, Italie, Autriche, Suisse, Portugal) ont déjà adopté ce système de tracking, et bien souvent avant l'été. Des pays qui, en l'occurrence, parviennent à mieux circonscrire l'épidémie. Des clusters ont ainsi pu être identifiés rapidement.
Pour les autorités sanitaires allemandes, ce système est très utile, notamment pour les services de santé.
La fermeture des bars et le renforcement des contraintes dans les restaurants risque de pousser les Français à faire la fête chez eux plutôt qu'à l'extérieur. Or, dans ce cas, il y a fort à parier que le port du masque et la distanciation physique seront encore moins respectés.
Selon Santé Publique France, 20 % des clusters naissent dans le milieu familial élargi. Des médecins ont d'ailleurs signé une tribune dans le Journal du Dimanche appelant les Français à limiter ces rassemblements privés. La ville de Birmingham les a tout simplement interdites.
En France, seules celles de plus de 30 personnes organisées dans les établissements recevant du public le sont. Le domicile étant réputé "inviolable", on ne peut faire qu'appel à la responsabilité individuelle.
Le gouvernement comme le conseil scientifique prennent en compte les risques de rupture de lien social, notamment lorsqu'ils envisagent de revoir les règles de vie en communauté dans les Ehpad ou dans les établissements scolaires.
Pour les bars, face aux exigences sanitaires, c'est l'aspect économique qui a été le plus évalué. Même si les bars représentent pour beaucoup de personnes isolées des lieux de convivialité, que les apéros zoom ne remplacent pas.
Il n'empêche, 61 % des Franciliens se sont déclarés favorables à la fermeture complète des bars à Paris et en petite couronne d'après un sondage Elabe pour BFMTV. Et puis la fermeture n'est pour le moment prévu que pour 15 jours...