Alors que les Français se préparent à la 2e séquence du Covid-19, celle du déconfinement progressif, que peut-on attendre des recherches menées sur les médicaments ?
Dans quelques jours, les résultats de plusieurs études cliniques - notamment ceux de Discovery, conduits au niveau européen, et de Solidarity, sous l'égide de l'OMS, seront seront publiés.
Des pistes se dessinent mais inutile d'espérer à court terme une révolution thérapeutique contre le coronavirus. Pour de nombreuses raisons.
D'abord, la plupart des traitements déjà testés sont des médicaments développés contre d'autres maladies, ils ne constituent donc pas une réponse sur mesure au Covid-19. Celle-ci serait trop longue à mettre en place.
Par ailleurs, le manque de collaboration entre les équipes de recherche est patent à tous les niveaux. Rien qu'en Espagne, 21 protocoles différents ont été approuvés pour évaluer des médicaments.
Tandis que l'essai Discovery, qui devait rassembler 3 200 patients européens, est toujours discuté par l’Allemagne, l’Autriche ou le Portugal. À ce jour, seuls la France et le Luxembourg y ont réellement pris part… Alors même que la baisse du nombre de patients – une excellente nouvelle – va désormais limiter la recherche.
Dans l'attente de ces résultats, certaines pistes se dessinent progressivement, selon la gravité de la maladie.
En phase précoce, lutter contre le virus. C'est le rôle des antiviraux, à commencer par le remdesivir. Initialement développé contre le virus Ebola, son rôle est de bloquer la réplication du virus. C'est pourquoi il doit être administré à un stade précoce de la maladie. Les autorités de santé américaines viennent d'ailleurs de valider son utilisation dans cette indication.
En phase plus avancée, éviter l'emballement immunitaire. Les formes les plus graves de Covid-19 provoquent une inflammation dérégulée du tissu pulmonaire, qualifiée de « tempête ». Plusieurs traitements permettent de contrer cette réaction, comme le tocilizumab, qui a obtenu des résultats très positifs lors d'une étude menée en France par les hôpitaux de Paris (AP-HP) auprès de patients atteints d'une forme sévère de l’infection.
En dernier recours, l'immunité. Cette approche, plus complexe, vise les personnes les plus gravement atteintes. L'objectif est de leur transfuser du plasma de patients guéris du Covid-19, contenant des anticorps dirigés contre le virus. Plusieurs essais de ce type ont été lancés avec un certain succès, notamment en France avec l'étude Coviplasm. …Et plusieurs déceptions.
L'hydroxychloroquine peine à trouver sa place. Une étude menée dans quatre hôpitaux de la région parisienne n'a montré aucun bénéfice particulier pour les formes graves de la maladie. Par ailleurs, un groupe d'experts internationaux a montré que les patients habituellement traités par hydroxychloroquine contre un lupus, ne sont pas moins à risque de développer la maladie, écartant ainsi un possible effet protecteur.