Les essais cliniques sur l’hydroxychloroquine sont en cours mais le public réclame le médicament. La crise sanitaire bouscule la rationalité scientifique.
Un jeune homme me fait signe dans la rue pour faire un selfie, je m’arrête. Très gentil, content de me voir, il me dit : « vous vous êtes bien planté sur le coronavirus, hein ? ». Je lui réponds que je suis comme tout le monde, personne n’avait prévu cette épidémie ; il me rétorque : « oui, mais vous êtes Docteur ! »…Tout est dit. « Docteur », je devrais donc tout savoir, tout prévoir…Et pourtant, nous nous sommes tous trompés.
Du moins sur la rapidité avec laquelle l’épidémie se propagerait dans le monde. Car on rappelle que dans 80 % des cas, le Covid se traduit par une infection dite bénigne, même si elle est pénible à supporter. Il faudra aussi chercher à savoir qui nous a trompés, et pourquoi nous n’avons pas disposé des informations nécessaires à une analyse objective de ce virus. L’OMS, la Chine devront s’expliquer.
La remarque de ce jeune homme n’a finalement plus beaucoup de sens aujourd’hui. Car la communication a échappé aux experts. Ce ne sont plus les scientifiques qui gèrent la crise sanitaire, mais les politiques. Nous ne réfléchissons plus avec la rationalité scientifique, mais avec l’irrationalité passionnelle.
Voyez les interférences sur l’hydroxychloroquine. Les essais cliniques sont en cours mais le public réclame le médicament. Le président de la République en personne se rend à Marseille pour écouter le Pr Raoult sur les bienfaits de cette molécule. Le danger est là. C’est le monde politique, par définition à l’écoute des bulletins, et donc du peuple, qui décide si un médicament doit être prescrit. La notion de bénéfice/risques, qui, en médecine, est à la base d’une thérapie, s’applique aujourd’hui à la décision politique.
Le bénéfice, c’est celui d’être élu, le risque c’est d’avoir eu tort…mais qui le leur reprochera ? Ils avaient demandé aux experts, mais eux ne savaient pas …