Déconfinement : les Français pas rassurés
19 avril 2020

Déconfinement : les Français pas rassurés

Il fallait une échéance et un cap. Emmanuel Macron les a donnés en annonçant la levée probable du confinement le 11 mai prochain. A condition que la diminution du nombre de cas sévères se poursuive dans les prochaines semaines.

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Cette décision témoigne de l’équilibre délicat que doit trouver le chef de l’Etat dans la gestion de la crise : contenir l’épidémie, relancer l’économie en facilitant la reprise du travail à des millions de parents et ne pas laisser des centaines de milliers d’enfants décrocher de leur scolarité. Ce faisant, le président de la République s'est affranchi de la parole médicale pour gouverner.
De quoi vous déstabiliser, comme en témoignent vos questions.
Nous les avons regroupées en six thématiques.

Est-ce vraiment judicieux d’ouvrir les écoles le 11 mai ?

L’Ordre des médecins, plusieurs experts santé étaient opposés à cette réouverture rapide des écoles. Tout comme les syndicats d'enseignants et les parents d’élèves. Tous redoutent un effet rebond de l’épidémie. D’autant que début mars, les enfants et les écoles étaient désignés comme un vecteur privilégié de la propagation du Covid.
En fait, il n'y a aucune certitude. Selon plusieurs travaux, dont celui du Pr Didier Raoult, les enfants seraient moins contagieux que les adultes.
Le ministère de l'Éducation a engagé des discussions avec les partenaires sociaux pour accompagner cette reprise, qui sera progressive. Pas question de sonner la cloche le 11 mai pour les 12 millions d’élèves.

La priorité sera donnée aux 5 % d’élèves à risque de décrochage ou en apprentissage dans les lycées professionnels. Pour les autres, des alternances de présence et de travail à distance, des horaires concentrés sont à l’étude. « On ne va pas avoir les mêmes âges qui rentrent au même moment », et « il ne pourra pas y avoir de grands groupes », a précisé Jean-Michel Blanquer.

Comment protéger les enfants et les enseignants ?

Les effets du coronavirus sont dans la plupart des cas limités chez les enfants en bonne santé. Ceux qui sont fragilisés par une autre maladie ne pourront pas rejoindre leur camarade à cette date. Concernant les enseignants, des masques et des gels hydroalcooliques devraient être disponibles. Le test est envisagé pour des professeurs présentant des symptômes. Des mesures pour faire respecter les gestes barrières et pour désinfecter régulièrement les classes sont aussi à l'étude.

Qui sont les personnes fragiles ? A partir de quel âge faudra-t-il rester confiné ?

Selon le Conseil scientifique, 17 millions de Français sont à risque de développer une forme grave du Covid-19. Il s'agit de personnes atteintes de maladies chroniques, dont la liste est précisée sur le site du ministère de la Santé, et des personnes âgées de plus de 70 ans, selon le Haut comité de santé publique. Elles devront rester confinées jusqu'à une date indéterminée. Toutefois, aucune mesure contraignante n'est évoquée à ce jour.
Le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat des médecins généralistes, recommande à chaque personne concernée par ces restrictions d’appeler son médecin traitant afin de « peser le pour et le contre » avant de rompre éventuellement son confinement. Dans tous les cas, mieux vaut éviter les rendez-vous familiaux.

Les tests vous seront-ils vraiment disponibles le 11 mai ? Qui pourra les faire ?

Il y a peu, seuls les cas graves étaient dépistés à l'hôpital. Les autres étaient plutôt confinés chez eux, avec un peu de paracétamol. C'est là où la doctrine française veut évoluer afin de diagnostiquer aussi ceux qui ont des symptômes légers, ainsi que leurs contacts rapprochés. 60.000 tests devraient être effectués chaque jour début mai.
Selon Emmanuel Macron, les citoyens porteurs du virus pourront aussi être mis en quarantaine pour éviter les contaminations intra-familiales. L'Académie de médecine propose qu'ils soient hébergés à l'hôtel.

A qui servent les tests sérologiques ?

Les tests sérologiques, qui permettent d'identifier les personnes à priori immunisées contre le virus, ne seront pas non plus systématiques. Ils vont surtout permettre de mieux apprécier le niveau d’immunité collective et ainsi le risque de nouvelle propagation du coronavirus au sein des populations. Dans le Grand-Est par exemple, les premières données font apparaître un taux d'immunité de l'ordre de 10 à 15 %, ce qui est assez faible. Un taux de 60 % est nécessaire pour que le virus "s'éteigne".

Quand les masques seront-ils enfin disponibles pour toutes les personnes à risque ? Et pour le grand public ?

Les commandes massives arrivent : 60 millions de masques la semaine dernière. Et 8 millions ont été produits par les industriels français. De quoi répondre aux besoins des soignants, évalués à 40 millions de masques par semaine. Emmanuel Macron a également annoncé la mise à disposition de chaque Français d'un masque grand public.
Il s'agit en fait d'un masque alternatif, fabriqué par des entreprises du textile selon des normes sanitaires précises. Ils sont conçus avec trois couches de tissu, qui permettent de filtrer de 70 à 90 % des particules, soit une efficacité proche de celle des masques chirurgicaux. Ils pourront en outre être lavés et réutilisés.

Le port de ce masque pourrait être imposé ou fortement recommandé dans les transports collectifs ou les supermarchés. Selon le ministre de l’Intérieur, 14 millions de masques seront distribués d’ici au 26 avril via les mairies notamment et 40 millions supplémentaires ont été commandés.

Parmi les mesures annoncées, celle sur la reprise scolaire a alimenté de nombreuses questions. Trop prématurée, pour la plupart de nos lecteurs. 54 %, selon le sondage Odoxa-Le Figaro.