AVC, infarctus : la face cachée de l’épidémie Covid-19
8 avril 2020

AVC, infarctus : la face cachée de l’épidémie Covid-19

Seront-ils les victimes collatérales du coronavirus ? Une vague de malades chroniques va-t-elle submerger les hôpitaux après celle de l'épidémie ? C’est l’inquiétude de nombreux médecins dont les salles d'attente sont désertées.

Partout en France, les médecins rapportent des baisses de consultations de l’ordre de 70 %, les dépistages des cancers sont au plus bas et de nombreux malades chroniques ont mis leur suivi en stand-by.
De plus, à côté des patients Covid-19 aux urgences, de nombreux autres malades manquent à l’appel. « Le nombre de passages pour un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un accident ischémique transitoire (AIT) a chuté de 50 à 70 %, constate, inquiet, le Pr Pierre Amarenco, chef du service de neurologie à l’hôpital Bichat. C’est vrai aussi pour les autres spécialités. Mes collègues ne voient plus d'hémorragie digestive ou d’infarctus aujourd’hui ».

Un effet collatéral de l’épidémie qui s’explique d’abord par la peur très vive de venir à l’hôpital. « Un décompte terrible est donné tous les soirs par les autorités de santé, sans le moindre mot pour les autres patients. Il faut pourtant les rassurer pour éviter toute peur irrationnelle » , propose ce chef de service.

Appeler le 15. En cas d’urgence, il ne faut pas hésiter à appeler directement le 15 ou à se rendre aux urgences. Les hôpitaux ont mis en place un parcours spécifique pour les patients atteints du coronavirus, différent de celui des autres patients. « Ceux qui viennent pour un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un accident ischémique transitoire (AIT) ne croiseront pas de patients infectés. Les équipes médicales sont toujours présentes pour les accueillir », confirme le Pr Amarenco.

Respecter le suivi médical. Malgré le Covid-19, les patients chroniques doivent être surveillés. Les médecins s’organisent d’ailleurs pour proposer des téléconsultations ou répondre aux questions par téléphone.
Certaines applications peuvent également être utilisées. Les hôpitaux de Paris (AP-HP) proposent, par exemple, aux patients diabétiques d’utiliser l’application CoviDIAB afin de les orienter vers des soins spécifiques en cas de questions de santé.

Aller aux rendez-vous. Là aussi, les patients ne doivent pas avoir peur de se rendre à l’hôpital à chaque rendez-vous confirmé au risque sinon de voir leur santé se détériorer et d’ajouter de nouvelles urgences à une situation complexe.

Déjà, les spécialistes redoutent une hausse de la mortalité liée aux autres pathologies, mais aujourd’hui cachée par l’épidémie. Les prises en charge trop tardives risquent de laisser des  graves séquelles à de nombreux patients. « Nous allons perdre 10 ans d’avance thérapeutique à cause des AIT non pris en charge à temps. Et tout le bénéfice de prise en charge rapide des AVC, qui permet de réduire le risque de 80 % », regrette le Pr Amarenco.