« Une proposition débile, inadaptée aux longs trajets ». « Bientôt tout le monde sera à vélo ». A en juger par vos réactions, la proposition de réduire de 130 km/h à 110 km/h la vitesse sur autoroute, déclenche un débat passionné chez les automobilistes.
Une petite minorité parmi la centaine de réponses parvenues à Dr Good soutient cette mesure qui sera présentée au chef de l’Etat en début de semaine.
« On peut éviter des hécatombes », suggère un internaute quand un autre propose de moduler la vitesse en fonction du trafic.
Et pour notre santé, quelle serait la conséquence de ce nouveau coup de frein ? Si la vitesse est l'une des premières causes d'accidents mortels en France, elle augmente également la pollution et toutes ses conséquences néfastes pour la santé. L’objectif affiché est ambitieux par la Convention : baisser les émissions de gaz à effet de serre de ces trajets de 20 % en moyenne.
Les voitures des particuliers sont la première source d'émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, loin devant les avions ou les supertankers. Elles émettent environ 16 % des GES, qui participent au réchauffement climatique. Parmi ces gaz, le dioxyde d’azote serait responsable d’environ 38 000 morts prématurées chaque année dans le monde. Surtout, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (des particules ultrafines) pénètrent dans le sang et peuvent atteindre le cerveau ou le placenta des femmes enceintes. Elles augmentent aussi le risque d’AVC et d’infarctus.
Environ 160 personnes meurent chaque année en France sur l'autoroute. Un chiffre déjà divisé par deux depuis 2002. Mais une vingtaine seulement de ces décès sont liés à une vitesse excessive. Le gain direct en termes de vie d'une baisse de la vitesse est donc très limité. Concernant la pollution de l'air, une enquête menée à Toulouse a montré une baisse de 20 % des émissions d'oxyde d'azote sur un tronçon de 8 km limité à 110 km/h. Ainsi, dans cette zone, environ 200 personnes en moins ont été exposées à des pollutions chroniques. D'une façon générale, les personnes qui vivent à côté d'une autoroute bénéficieront sans aucun doute d'une telle mesure.
Il est vrai que l'endormissement est la principale cause de décès sur l'autoroute. Un trajet plus long pourrait donc augmenter ce risque. En même temps, une vitesse plus élevée oblige le conducteur à traiter un nombre plus important d’informations sur un temps donné. Il est alors davantage exposé à une perte de vigilance et d’accident.
C'est en partie vrai. En moyenne, la consommation d'essence et la pollution d'un véhicule s'optimisent à une vitesse comprise entre 80 et 90 km/h. Rouler à 80 km/h sur une route nationale pollue jusqu'à trois fois moins qu'à 40 km/h en ville. Mais au-delà de 90 km/h, la consommation d'essence augmente à nouveau. À 130 km/h, les émissions d'oxydes d'azote atteignent en moyenne 0,4 gr par heure, contre un peu plus de 0,3 gr à 120 km/h.
La limitation à 110 km/h sur l'autoroute n'est pas si rare. La Suède, le Royaume-Uni ou encore l'Estonie l'ont adoptée. Depuis mars 2020, la vitesse est même limitée à 100 km/h en journée aux Pays-Bas. S'il est encore trop tôt pour faire le bilan de cette mesure, elle s’inscrit là aussi dans un plan d’action adopté pour lutter contre les émissions de gaz polluants.