Alcool festif : comment résister à 
la pression ... sociale
16 mai 2022

Alcool festif : comment résister à 
la pression ... sociale

Fini le verre de vin midi et soir. La consommation d’alcool a globalement été divisée par 2,5 en France en 50 ans. Cependant, l’Hexagone reste parmi les pays les plus consommateurs d’alcool au monde, se situant au sixième rang parmi les 34 pays de l’OCDE. 

Près d’un quart des Français entre 18 et 75 ans dépassent les repères de consommation : pas plus de 10 verres standard par semaine, 2 verres par jour max et avoir des jours sans consommation dans une semaine. 
En fait, l'alcool est devenu festif chez les jeunes mais aussi chez les adultes. Et chez les plus âgés, la consommation en excès est encore plus délétère. Elle peut entraîner des chutes, une confusion mentale ou des troubles du comportement. 
Comment résister à cette pression sociale qui associe alcool et convivialité ? Les réponses avec Jean-Pierre Couteron, addictologue, psychologue clinicien et porte-parole de la Fédération addiction.

A quoi est due la baisse de la consommation d’alcool chez les Français ?

Jean-Pierre Couteron. La baisse est nette, et il faut s’en réjouir. Même si les « efforts » des alcooliers pour séduire les femmes sont malheureusement payants puisque les chiffres de Santé Publique France montrent que près d’un quart des femmes boivent entre 1 et 6 fois par semaine (contre 37 % des hommes), ce qui représente une augmentation de 4 points depuis 2014. 
Cependant, trois phénomènes sont à l’origine de cette baisse. Tout d’abord, les modes de vie ont évolué. Le vin rouge midi et soir, peu compatible avec la conduite et le travail…, n’est plus la règle. Les Français ont commencé à prendre conscience des risques associés à la consommation d’alcool. Enfin, la loi Evin, même « détricotée », a limité certaines actions marketing et donc l’accès à l’alcool.

Le « conscious drinking », (consommation raisonnée), touche-t-elle aussi les adultes ?

Jean-Pierre Couteron . La baisse de la consommation d’alcool concerne globalement toutes les tranches d’âge. Cette prise de conscience des risques, qui est donc trans-générations, a tendance à renvoyer la consommation d’alcool dans la sphère festive. 
Les adultes comme les plus jeunes boivent souvent pour l’effet euphorisant. 
Mais, chez les plus âgés, on observe une diversification des alcools. L’arrivée des bières issues de micro-brasseries, ou encore d’alcools bio, véhiculent l’idée d’un plaisir « soft ». Il ne faut pas être dupe de cet habillage et rappeler que la consommation d’alcool n’a pas que des conséquences en termes d’accidents de la route ou de violence. Les conséquences sanitaires à long terme, le cancer notamment, sont encore sous-estimées.

Comment réduire sa consommation quand on boit de façon festive ?

Jean-Pierre Couteron. Des actions comme le Dry January sont faites pour ces publics. Le but n’est ni de les culpabiliser, ni de leur vendre le modèle de l’abstinence. Mais plutôt de réfléchir à la pression sociale qui nous fait sur-consommer. 
En fait, on peut commencer à dire non au 2ème ou 3ème verre pour se rendre compte que la convivialité, le plaisir ne dépendent pas de l’alcool. 
Le confinement a clairement démontré le poids de la pression sociale. Pour une part non négligeable de la population, l’interdiction des fêtes et dîners entre amis s'est traduite par une moindre consommation. Ceux qui confient la gestion de leurs émotions à l’alcool ont, eux, bu davantage à cause de l’anxiété générée par la période.

Les boissons avec peu ou pas d’alcool peuvent-elle permettre de limiter sa consommation ?

Jean-Pierre Couteron. Il ne faut pas se leurrer ! Les alcooliers développent ce type de boissons pour contourner les interdictions lors de grands événements. Mais le marketing est fait pour évoquer la boisson alcoolisée. 
Néanmoins, à l’échelle individuelle, cela représente une alternative. Une personne qui n’a pas envie de dire « je n’ai pas envie de prendre de l’alcool » peut opter pour ce type de boisson. D’autant que chez les adultes, la notion de don contre don (donner/recevoir/rendre) rend difficile l’acte de refuser un verre. 
Quand vous êtes invités chez des amis et que l’on sort une bonne bouteille choisie pour vous faire plaisir, il est difficile de dire non. Nous ne sommes pas toujours obligés de résister seul contre tous, ou même de jouer les héros. Ces boissons avec peu ou pas du tout d’alcool sont un moyen de résister à la pression sociale en rusant un peu, mais aussi en conservant le goût d’un alcool que l’on aime bien…