Vêtements et chaussures :
comment éviter les allergies
25 mars 2022

Vêtements et chaussures :
comment éviter les allergies

Des milliers de bactéries circulent autour de nous. Nos vêtements, nos chaussures, elles peuvent être n'importe où. Seulement 12 sont reconnues actuellement comme allergisantes. Le Dr Sophie Silcret-Grieu, allergologue à Paris et membre de l’association Asthmes & Allergies vous dit tous.

Votre petit pull fétiche ou encore vos chaussures de sport peuvent contenir des centaines de substances chimiques. Un cocktail détonnant qui provoque parfois des allergies.
Aujourd’hui, les quantités de plusieurs produits, comme  le chrome et le nickel sont limitées. Actuellement, seules 12 substances reconnues comme allergisantes sont encadrées.
Mais l’Agence nationale de sécurité sanitaire (1) veut durcir la réglementation. L’Anses estime qu’il faut imposer des restriction sur plus de 1000 substances qui peuvent mettre votre peau à rude épreuve.
En attendant, y a-t-il des précautions à prendre quand je fais mon shopping ? Les réponses du Dr Sophie Silcret-Grieu, allergologue à Paris et membre de l’association Asthmes & Allergies.
(1) Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

Quels sont les dangers des substances chimiques qui entrent dans la composition de nos vêtements ?

Dr Sophie Silcret-Grieu. Dans l’immense majorité des cas, ces produits chimiques allergisants provoquent des eczémas de contact. La peau est rouge, des petites cloques apparaissent et la personne ressent une démangeaison. Comme la sueur augmente le passages des molécules allergisantes, le problème est majoré dans les chaussures. Si la personne ne fait rien, l’allergie restera quand même localisée mais le risque, c’est la surinfection et une aggravation de la sévérité des lésions. Il faut donc consulter un allergologue en ayant préalablement noté quand sont apparus les symptômes et en apportant le vêtement qui pourrait en être en cause. Cela nous permettra de découper un bout de tissu que l’on collera 48h sur le dos. Ce patch test nous aidera à confirmer le diagnostic.

Etes-vous favorable à l’interdiction de certaines substances ?

Dr Sophie Silcret-Grieu. Je pense qu’il faudrait déjà que le consommateur ait accès à la liste des composants qui sont entrés dans la fabrication des vêtements. Parce que pour nous, allergologue, être à l’aveugle c’est un vrai problème. Nous sommes bloqués dans notre enquête et avons du mal à savoir quelle est la substance qui provoque l’allergie. D’autant que le nombre de contaminants que l’Anses a établi est énorme. Et, plus la liste des produits chimiques est longue, plus le risque de déclencher un eczéma de contact augmente.
Par ailleurs, il me semble que les industriels pourraient réduire le nombre de composants - notamment les colorants - et interdire les plus allergisants. Dans les cosmétiques, ce travail a bien été entamé.

Suffit-il de laver ses vêtements après les avoir achetés pour éviter des allergies ?

Dr Sophie Silcret-Grieu. C’est un préalable indispensable qui permet d’éliminer les particules libres et les substances qui sont en surface. Mais, ce n’est pas toujours suffisant.
Pour les chaussures, il est préférable de les aérer une journée avant de les mettre. Ensuite, des vêtements fabriqués dans l’Union européenne sont quand même mieux encadrés que ceux fabriqués en Chine ou en Inde, par exemple. L’Europe a tout de même interdit 12 substances chimiques qui sont connues pour leur caractère allergisant.
En revanche, choisir des matières naturelles plutôt que synthétiques n’est pas du tout une prévention efficace. La nature est tout autant pourvoyeuse d’allergies que la chimie. Seules les personnes souffrant d’eczéma atopique vont préférer des matières douces comme le coton plutôt que la laine.

Peut-on se fier à des labels de vêtements bio ?

Dr Sophie Silcret-Grieu. Ces labels ont sans doute un intérêt environnemental mais une fabrication éco-responsable ou encore éthique ne protège absolument pas des allergies cutanées. Bio n’a jamais voulu dire hypo-allergénique. En fait, c’est un peu chaque consommateur qui doit mener l’enquête pour découvrir si ce sont à chaque fois des vêtements rouges qui provoquent l’allergie, ou des chaussures avec des boucles en métal… Car même si la quantité de chrome et de nickel est réglementée, des allergies peuvent se déclencher en-dessous de ce seuil.