Surpoids lié à l’âge : comment y faire face
9 mai 2022

Surpoids lié à l’âge : comment y faire face

La planète grossit et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sonne l’alerte. Cette « épidémie « est à l’origine d’1,2 million de décès par an. 

L’Europe n’est pas épargnée, le surpoids et l’obésité gagnent du terrain. Près d’un quart des adultes européens sont atteints d’obésité et s’exposent à des risques accrus de cancers, de maladies métaboliques et cardiovasculaires. La pandémie de Covid-19 a favorisé la sédentarité et renforcé les mauvaises habitudes alimentaires.
Les niveaux grimpent dans toutes les classes d’âge, mais deux catégories sont particulièrement sensibles à la prise de poids : les enfants et les adultes à partir de 50 ans. 
Mais pourquoi le risque de surcharge pondérale augmente-t-il avec l’âge et comment y faire face ? Les réponses de Laurence Haurat, psychologue nutritionniste à Bordeaux et auteur de l’ouvrage "Et si vous trouviez (enfin) votre poids idéal" (Ed. Eyrolles).

Pourquoi est-on plus sujet à la prise de poids avec l’âge ?

Laurence Haurat. Avec l’âge, on prend du poids et surtout, on prend de la graisse. Il y a plusieurs explications. D’abord, la chute, chez l’homme et chez la femme, des hormones sexuelles qui dépensent beaucoup d’énergie. Globalement, il y a une diminution du fonctionnement métabolique : le moteur dépense moins d’énergie. Donc si l’on conserve les mêmes habitudes qu’à 30 ans, forcément, on prend du poids. 
Par ailleurs, on perd en masse musculaire, elle-même très dépensière d’énergie. A cela s’ajoute d’éventuelles perturbations du sommeil, fatigues, douleurs… qui jouent sur la prise alimentaire et le besoin de manger plus. 
Enfin, il y a la dimension psychologique : vers 50 ans, on connaît de grands changements (départ des enfants, conjoint ou parent malade, difficultés conjugales…) qui peuvent amener à des comportements alimentaires de compensation.

La solution, c’est de bouger plus et de manger moins ?

Laurence Haurat. Justement, non. Cette équation, qui fonctionne déjà mal à 20 et à 30 ans (tant la prise de poids est multi-factorielle), n’est plus du tout valable à 45-50 ans. Il y a de tels bouleversements hormonaux, psychologiques, et une histoire avec le corps, notamment chez la femme qui entre en ménopause, que cette injonction ne peut plus marcher. 
Je reçois beaucoup de femmes qui ont, au cours de leur vie, suivi plein de régimes. Ces derniers ont déréglé leur capacité à se restreindre, ont usé leur volonté. Pendant la ménopause, le corps est malmené ; on reçoit des femmes qui prennent 20 kilos en 3 ans… Donc déjà, si elles limitent leur prise de poids, sans vouloir forcément en perdre, on est content. 
Les hommes aussi subissent une diminution de leurs capacités (musculaires, sexuelles…) mais leur prise de poids est mieux tolérée. Tout le monde trouve normal qu’un homme de 50 ans ait de la bedaine, alors qu’on ne pose pas le même regard sur une femme qui grossit avec l’âge.

Que faut-il faire, alors, pour limiter la prise de poids ?

Laurence Haurat. Il faut accompagner au cas par cas, comprendre ce qu’il se passe dans son corps. Dans un premier temps, expliquer toutes ces modifications, et mieux préparer les femmes à la ménopause, car il y a réellement un avant et un après. 
Il faut aussi trouver des solutions adaptées à ce nouveau corps, et les resituer dans un historique : notre microbiote s’est habitué à digérer nos aliments préférés pendant 30 ans. Si on se lance dans un régime drastique, il y a de fortes chances que ça se passe mal. 
Donc il faut faire un état des lieux à la cinquantaine : qu’est-ce qui a changé dans sa vie ? Quels sont les besoins que le corps exprime ? Si on mange plus que ce dont on a besoin, est-ce par plaisir ou par compensation ? On peut établir une liste de ses plaisirs sensoriels et en activer un quand on a envie de manger "pour se faire du bien". Ou encore tenir un journal des moments où la faim s'exprime, et chercher à comprendre l'état qui sous-tend cette envie (faim réelle, ennui, procrastination, tristesse, anxiété, fatigue...).

L’activité physique est-elle un bon levier ?

Laurence Haurat. L’activité physique a évidemment des bienfaits, mais là aussi, il faut trouver des solutions adaptées. Si l’on n’a jamais fait de sport, on ne se lance pas dans des grands objectifs, on recherche plutôt des activités douces et pérennes. 
Par ailleurs, cette période est tellement bouleversante qu’il faut trouver des moyens de l’accompagner. Souvent, on a beaucoup donné aux autres – à son foyer, à sa famille… Les femmes, en particulier, se sont souvent oubliées. 
Donc il faut se faire du bien, s’accorder du temps – prendre des bains, se balader, faire des automassages, de la relaxation… Tout ce qui va permettre de mieux s’aligner contribuera à mieux vivre cette période et à limiter la prise de poids.