Vous avez mal dormi pendant le confinement ? Vous n’êtes pas seul. La consommation de somnifères a bondi pendant la crise du Covid-19
A la sortie du confinement, les prescriptions de médicaments hypnotiques ont augmenté de 6,9 % par rapport aux deux années précédentes, selon un rapport de l’Agence du médicament (ANSM).
Un constat que partagent les professionnels du sommeil. Le réseau Morphée a mené une enquête qui montre qu’un Français sur deux (47 %) a subi une détérioration de la qualité de son sommeil pendant le confinement. « Il y a l’angoisse, le stress lié à la situation, mais aussi, le fait que les gens ont profondément modifié leurs habitudes de vie : ils se sont couchés plus tôt et levés plus tard - or on sait bien que c’est un facteur de fractionnement du sommeil », explique le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et présidente du réseau Morphée.
Deux phénomènes sont en jeu : d’une part, certaines personnes qui prenaient déjà des somnifères ont pu augmenter leurs doses. « Si c’est temporaire, c’est ok ; mais il faut absolument les accompagner ». D’autre part, des personnes se sont mises à consommer des hypnotiques pendant le confinement. « Là, les prescriptions doivent être vraiment courtes ». Il n’y a pas de difficulté à arrêter les hypnotiques ; le sommeil peut revenir à la normale.« Le piège des somnifères, c’est quand ils sont utilisés sur fond d’angoisse. Il l y a alors un risque d’augmentation des dosages », avertit le Dr Royant-Parola.
Pour retrouver un bon rythme de sommeil, sans somnifères, il existe plusieurs astuces :
Travailler sur son niveau d’anxiété. « Il s’agit de retrouver une réassurance dans les situations à venir, en se focalisant sur des éléments positifs. La relaxation et la méditation aident à cette approche, ainsi que le sport, qui réduit stress et anxiété. Une demi-heure par jour, ça peut avoir un impact très bénéfique sur le sommeil ».
Se refixer un cadre de sommeil. Fini les grasses mat’ ou les soirées au lit ! Pour régler ses rythmes, il faut se lever et se coucher à heures régulières, ni trop tôt ni trop tard, réintégrer la routine du matin et celle du soir. « L’horloge circadienne (alternance jour-nuit) doit se restructurer. Là aussi, le sport et l’exposition à la lumière du jour aident beaucoup ».
Diminuer progressivement les somnifères. « Il ne faut surtout pas les arrêter brutalement. Les insomnies risquent de rebondir ; l’idée que l’on ne peut pas s’en passer s’installe et génère un sentiment de panique ». Mieux vaut fonctionner par pallier, sur une période de 2-3 mois : « on diminue d’un quart de comprimé un jour sur deux pendant 15 jours, puis tous les jours pendant 15 jours ; puis d’un demi-comprimé etc ».
Dans tous les cas, l’automédication est à bannir !