Pourquoi il ne faut pas renoncer aux soins
13 novembre 2020

Pourquoi il ne faut pas renoncer aux soins

Comme lors du premier confinement, un même phénomène se répète : la diminution des consultations médicales. Les Français.es et plus particulièrement les patients à risque, sont nombreux à ne plus se soigner. Le Pr Pierre-Louis Druais nous explique pourquoi il est nécessaire de continuer à aller consulter.

On n’a pas fini d’évaluer les conséquences à long terme de la pandémie de Covid-19. Durant le premier confinement, plus d'un Français sur 3 avait renoncé à se soigner faute de rendez-vous ou par peur de la contamination.
Et cette tendance se confirme pour cette deuxième séquence, selon Doctolib.
La plateforme de rendez-vous en ligne est à l'origine d'une pétition signée par plus 10 000 professionnels de santé (#SoignezVous) pour éviter des ruptures de soins et l’aggravation des pathologies.
Une mise en garde partagée par de nombreux médecins dans toute la France et par le Pr Pierre-Louis Druais, membre du Conseil scientifique Covid-19 et ancien professeur de Médecine Générale.

Qui sont ceux qui renoncent aux soins, et avec quelles conséquences ?

Pr Pierre-Louis Druais. La catégorie la plus alarmante, ce sont les patients à risque (les plus de 65 ans, les patients avec comorbidités, les patients chroniques). Ce sont aussi les plus vulnérables face au Covid et à ce titre, ils ont été fortement incités à s’isoler. Cela a entraîné une perte de régularité dans leur suivi.
Or, pour ces patients, il y a des ordonnances lourdes, beaucoup de traitements à gérer… Ils doivent être surveillés de près. S’ils ne viennent pas en consultation, on ne peut pas repérer les signes précoces d’une décompensation de leur maladie, et donc prévenir les complications. Un insuffisant cardiaque, par exemple, est facile à dépister si on surveille ses courbes de poids, son régime alimentaire, son traitement... Sans cette surveillance, sa maladie peut s’aggraver et entraîner une hospitalisation - ce qui n’est pas vraiment souhaitable en ce moment.

Y a-t-il un impact pour les autres patients, qui n’ont pas de maladie connue ?

Pr Pierre-Louis Druais. C’est souvent quand les patients viennent consulter en routine que l’on détecte des signes précoces de troubles parfois majeurs - cancers, maladies cardiovasculaires... Certains signes neurologiques, par exemple, peuvent passer inaperçus. Un accident vasculaire cérébral, ou un accident ischémique transitoire, peut passer inaperçu !
Lors de ces consultations, on dépiste de nombreuses pathologies. Etre privé de ces consultations, c’est un vrai souci pour prévenir ces maladies, qui vont être diagnostiquées plus tardivement.
Il y a aussi un enjeu sur la santé mentale. La crise a fragilisé et précarisé beaucoup de personnes, qui ne vont pas bien, et qui ont encore moins tendance à consulter. On passe à côté de troubles psychiques, dont les retards de prise en charge sont très délétères.

Même en plein confinement, il faut donc aller consulter !

Pr Pierre-Louis Druais. Oui, c’est vraiment le message. C’est essentiel pour les patients chroniques, les personnes âgées… mais aussi pour chacun d’entre nous. Certains médecins ont contacté leurs patients pour les inciter à venir consulter, à ne pas rompre leur parcours de soins. Il faut encourager les médecins à faire ce travail auprès de leurs patients, surtout ceux à risque.
Lors du premier confinement, le message était : restez chez vous. Là, c’est différent. On peut aussi assurer le suivi par téléphone, notamment pour les personnes âgées qui ont des difficultés à utiliser la téléconsultation.

Si vous avez des rendez-vous programmés, des examens à passer… ne les retardez pas ! Si vous éprouvez une douleur, demandez conseil à votre médecin.