Du malaise à la crise. L'hôpital est sur une poudrière. La démission de 1 200 médecins hospitaliers de leur fonction d'encadrement sonne comme une révolte.
Les blouses blanches dénoncent leurs conditions de travail : les tâches administratives prennent souvent le pas sur leurs consultations. Récemment, des services de pédiatrie ont été contraints de fermer faute de médecins pour les animer. Le manque de moyens et les failles dans l’organisation rebutent la jeune génération.
Résultat, la santé des patients peut être menacée. Les Français l’ont bien compris et soutiennent largement ce mouvement. La page du collectif Inter-Urgences a reçu plus de 23.000 "Like" sur Facebook.
C'est juste une démission symbolique sur la charge administrative...
Si ces démissions ne touchent pas les soins, elles vont sérieusement perturber le fonctionnement des hôpitaux. Une fois effectives, les médecins n'occuperont plus leur poste de direction et/ou de coordination. C'est comme s'il n'y avait plus de chef d'orchestre : chaque praticien s'occupera individuellement de ses actes. La direction n'aura plus d'intermédiaires pour faire le lien avec les soignants et préparer les plannings. De même, les patients et leurs familles n'auront plus d'interlocuteur direct. À moyen terme, ce mouvement pourrait avoir un retentissement sur la qualité des soins.
Des milliards pour les gilets jaunes et (…) et les hôpitaux ?
Fin 2019, le gouvernement a tenté de répondre à la crise en annonçant une augmentation du budget pour l’hôpital public de 1,5 milliard d’euros, ainsi que des primes pour les soignants. Des mesures « totalement insuffisantes » pour les soignants, qui réclament l'ouverture de discussions autour de la situation « dramatique » de l'hôpital. Ils dénoncent également l'effet pervers de la tarification à l'activité qui, selon eux, encourage la course à la rentabilité..
Beaucoup de personnes
se présentent aux urgences pour rien. Ils enlèvent la place aux autres qui ont
vraiment de vrais problèmes de santé !
L'encombrement des urgences est régulièrement pointé du doigt. De 20 à 40 %
des passages ne seraient pas justifiés. Mais il n'est pas évident pour un
malade d'évaluer lui-même son état de santé. D'où la volonté du gouvernement de
mettre en place un numéro de téléphone unique pour mieux répondre aux demandes
et désengorger le 15, trop souvent privilégié. Certains hôpitaux testent
également un "forfait réorientation" pour renvoyer vers la médecine
de ville les patients dont l’état de santé ne nécessite pas une prise en charge
d'urgence.
La crise de l’hôpital date malheureusement d’avant 2008
Beaucoup de personnes sur les réseaux sociaux jugent le gouvernement responsable de la situation actuelle des hôpitaux. Il s'agit pourtant essentiellement du fruit des dernières années d'austérité. Depuis la crise de 2008, l'évolution des dépenses de santé est en effet contrainte par des objectifs stricts. Son plus bas niveau historique (1,8 %) a été atteint en 2016. Il sera cette année d'environ 2,5 %. Un chiffre très éloigné des +4 %, réclamé par les hospitaliers.