Endométriose : « on a des solutions mais pas de vrai traitement »
19 octobre 2021

Endométriose : « on a des solutions mais pas de vrai traitement »

L'endométriose se diagnostique de mieux en mieux. Les douleurs de règles sévères en sont un symptôme. Quels sont les autres symptômes ? Existe-t-il des traitements et quels sont-ils ? Le Dr Emilie Faller, gynécologue, nous répond.

C’était une maladie encore inconnue il y a quelques années. Il a fallu attendre 2016 pour que l’endométriose fasse l’objet d’une première campagne nationale de sensibilisation.
Pourtant, cette pathologie gynécologue touche plus d’une Française sur dix - dont beaucoup de jeunes femmes. L’Académie de Médecine s’est récemment dite « préoccupée » par cette maladie, qui « occupe une place de plus en plus fréquente » et « déborde du champ de la seule gynécologie avec un réel impact en santé publique ».
Le Dr Emilie Faller, gynécologue au CHRU de Strasbourg et spécialiste de l’endométriose, revient sur les enjeux liés à cette maladie.

Pourquoi l’endométriose est-elle de plus en plus fréquente ?

Dr Emilie Faller. Parce qu’aujourd’hui, on la diagnostique. L’endométriose a toujours existé, mais jusqu’à récemment, personne n’en parlait. Beaucoup de femmes pensaient - et pensent encore - qu’il est normal de souffrir le martyr pendant leurs règles, et ne consultaient donc pas pour ce motif. Désormais, elles sont beaucoup mieux informées, elles s’auto-diagnostiquent et viennent nous voir.
Mais le corps médical reste lui-même mal formé sur la question. L’endométriose ne figure au programme des études médicales que depuis l’année dernière. Donc on peut être médecin généraliste et ne jamais avoir entendu parler de cette maladie… Ce qui mène à un important sous-diagnostic.

Comment distinguer les règles douloureuses de l’endométriose ?

Dr Emilie Faller. On a une série de critères pour poser le diagnostic. Les douleurs menstruelles doivent être sévères (7/10, sur l’échelle de la douleur), mais aussi cycliques (elles s’en vont une fois les règles passées). Parfois, c’est accompagné de douleurs pendant les selles, les rapports sexuels…
Il est très important d’aller consulter en cas de règles douloureuses, car une prise en charge tardive est un facteur d’aggravation de la maladie. Mais il faut aussi se rassurer. C’est une maladie qui fait peur, mais elle n’est pas mortelle même quand elle évolue. Par ailleurs, l’intensité de la douleur n’est pas du tout liée à la gravité de la maladie.
On peut avoir très mal, sans avoir une forme sévère d’endométriose.

Les traitements sont-ils efficaces ?

Dr Emilie Faller. Il n’existe pas de traitement à proprement parler contre l’endométriose. La recherche dans ce domaine est très en retard. Le plus souvent, on traite les patientes avec une pilule contraceptive. L’aménorrhée thérapeutique permet dans beaucoup de cas de supprimer les douleurs de l’endométriose, mais pas de lutter contre la multiplication des cellules de l’endomètre. La chirurgie, quant à elle, permet de nettoyer l’endomètre, mais pas de s’attaquer à la cause de la maladie.
Donc on a des solutions pour prendre en charge la douleur (kiné, antidouleurs, électrostimulation, sophrologie, acupuncture…) mais il faut que nous puissions avoir accès à un vrai traitement contre l’endométriose.