À l'occasion de l'Octobre Rose, Dr.Good! a souhaité interroger le Pr Pierre-Yves Pierga, oncologue, sur l'importance du dépistage du cancer du sein, la pertinence d'un diagnostic et les opérations chirurgicales comme l'ablation totale ou partielle du sein.
Octobre Rose a démarré ! Comme chaque année, ce mois est consacré au cancer du sein, à la sensibilisation autour des enjeux qui l’entourent : prévention, prise en charge, dépistage… Le cancer du sein, c’est une maladie fréquente : on compte plus de 50 000 nouveaux cas annuels en France. Au cours de sa vie, une femme sur 10 sera touchée par cette maladie.
Mais c’est aussi une pathologie dont le taux de mortalité ne cesse de reculer au gré des années, et sur laquelle on peut avoir prise. Avoir accès à des informations justes, c’est un enjeu clé pour bien appréhender le cancer du sein. Or, il existe de nombreuses idées reçues autour de cette maladie.
Dr Good en décortique trois particulièrement fréquentes, avec le Pr Pierre-Yves Pierga, oncologue, chef du département d'Oncologie médicale de l'Institut Curie (Paris).
Pr Pierre-Yves Pierga. « Si le dépistage est peu efficace, c’est qu’il n’est pas assez étendu… Il a tendance à diminuer en France depuis plusieurs années [un peu plus d’une femme sur deux se dépiste, ndlr] et la crise sanitaire a engendré des gros retards - nous verrons comment, à plus long terme, nous le paierons.
Le dépistage permet de détecter des cancers à des stades très précoces, même si certains passent entre les mailles du filet. Il augmente la curabilité de la maladie, réduit la lourdeur de l’intervention. Les critiques sur le sur-diagnostic qu’il induit sont justifiées. Le dépistage peut mener à diagnostiquer des formes indolentes, qui ne se seraient pas développées.
Mais à l’échelle globale, c’est ce qui a permis, avec les thérapies, de faire régresser la mortalité. Enfin, concernant l’exposition aux rayons UV, si on cumule toutes les mammographies réalisées dans une vie dans le cadre du dépistage, cela représente moins qu’un scanner. Donc l’exposition reste réduite.
Pr Pierre-Yves Pierga. C’est partiellement vrai. Le cancer du sein, ce n’est pas comme le cancer du poumon, où si l’on supprime un facteur - le tabac - le risque diminue de manière très importante.
Là, on ne peut agir que sur environ 40 % des facteurs (ce qui n’est pas rien non plus) : l’alimentation riche en graisses animales, la prise d’hormones après la ménopause, le surpoids, l’alcool, le tabac dans une moindre mesure… On sait aussi que l’activité physique a un effet protecteur. Sur tous ces facteurs, on peut faire de la prévention.
Mais c’est vrai sur les autres (premières règles précoces, grossesse tardive etc), on ne peut pas vraiment agir. D’où l’importance du dépistage !
Pr Pierre-Yves Pierga Non, c’est faux, aujourd’hui, on sait que l’ablation partielle (où l’on retire juste la tumeur + une marge de sécurité), avec un suivi de radiothérapie, donne les mêmes taux de guérison que l’ablation totale. Celle-ci est parfois nécessaire, mais dans des cas très rares (-5 %). Les femmes pensent souvent que si elles font le sacrifice de leur sein, cela augmentera les chances de guérison. Or, on sait que ce n’est pas ça qui joue sur le risque de développer des métastases. L’ablation partielle n’est pas moins efficace que l’ablation totale.
Par ailleurs, la chirurgie a beaucoup évolué dans le cancer du sein, avec des opérations beaucoup plus légères, des techniques de moins en moins invasives, mais aussi avec l’intégration de la chirurgie plastique pour reconstruire le sein dans le même temps opératoire que la chirurgie d’ablation.