En France, l’utilisation et la vente de cannabis médical sont interdites. Pourtant, d’autres pays étrangers les ont autorisées et le cannabis médical a déjà fait ses preuves. Quels malades pourraient être soignés par le cannabis médical ? Comment le médicament est-il composé ? THC, CBD : quels sont les effets secondaires ? L’équipe Dr.Good! vous répond.
Attention, il ne s’agit pas d’une légalisation mais le cannabis médical devient une réalité en France. Alors qu'une quarantaine de pays l’ont déjà autorisé, et parfois depuis 20 ans, la France ne fait qu'entrouvrir la porte avec une expérimentation sur 3 000 patients pendant 2 ans.
Certes, le cannabis a démontré son efficacité, notamment dans les douleurs thérapeutiques mais il ne fait souvent pas mieux que les médicaments traditionnels. Et si la France a traîné, c'est à cause du débat sur la légalisation du cannabis... récréatif et d'antagonismes très forts entre pros et anti-légalisation.
Pour preuve, la culture du cannabis, même à des fins thérapeutiques, reste interdite en France. Notre cannabis médical sera donc d'origine étrangère.
Pour cette expérimentation, pas question que les 12 millions de Français qui souffrent de douleurs chroniques puissent consommer du cannabis médical.3 000 patients y auront droit. Ils devront avoir été traités, sans succès, par les médicaments traditionnels et souffrir d'une des 5 pathologies listées par l'Agence du médicament (ANSM) : des formes d'épilepsies sévères, les effets secondaires des chimiothérapies, les soins palliatifs, la sclérose en plaques et les douleurs neuropathiques (liées à une atteinte du système nerveux au niveau par exemple des nerfs ou de la moelle épinière).
Non, la combustion présente trop de risque de cancer du poumon. Le cannabis médical sera consommé sous forme d’inhalation (à partir de fleurs séchées), d’huiles ou de gélules. Il sera composé, comme le cannabis récréatif, de plusieurs centaines de molécules mais surtout de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabidiol (CBD).
Le THC, la plus célèbre, a des effets psychotropes; c'est elle qui procure l'effet planant recherché par les consommateurs de cannabis récréatif. En revanche, le CBD n'a pas d'effet stupéfiant, il limite même les effets psychoactifs du THC et présente des vertus anti-inflammatoires et relaxantes.
Le médicament reposera sur un subtil dosage entre THC et CBD, 5 ratios différents ont été définis, ce sera au médecin d'ajuster la dose.
Les principaux effets secondaires sont liés au THC mais seule une minorité des médicaments - surtout ceux utilisés en soins palliatifs - devraient être riches en THC. Au-delà du risque addictif, il entraîne des effets indésirables neuropsychologiques : somnolence, anxiété, paranoïa... Mais aussi de la tachychardie, des douleurs abdominales, ou encore des maux de tête.
Par conséquent, les malades présentant un risque cardiovasculaire, atteints d'une pathologie psychiatrique, et les femmes enceintes, ne pourront pas participer à l'expérimentation.
Quant au CBD, il ne provoque que des désagréments mineurs comme une sensation de bouche sèche, de la fatigue ou encore des diarrhées.
Il pourra assurer le suivi à condition qu'il ait été formé au préalable à la prescription du cannabis médical, qui sera évidemment prescrit sur ordonnance sécurisée, comme tout médicament stupéfiant.
Quant à la prescription, elle devra d'abord être faite dans l'un des 200 centres de référence dont l'ANSM va publier la liste. Le pharmacien devra lui aussi avoir été formé à la dispensation de cannabis à usage médical. L'ordonnance ne sera valable que 28 jours.
Le cannabis dit "bien-être" qui est en vente sans ordonnance dans des boutiques depuis 2008 est en fait du cannabidiol, une molécule extraite du chanvre.
Elles sont autorisées à vendre des produits sans THC, tels que des tisanes, issus de la graine et pas de la plante et en dehors de toute cadre thérapeutique. Le CBD a néanmoins des vertus anti-inflammatoires et relaxantes. C'est pourquoi en l'absence de cannabis médical, les boutiques de cannabis bien-être ont fleuri sur tout l'Hexagone.
Et la Cour de justice européenne a considéré en novembre 2020 « qu’en l’état des connaissances scientifiques et sur la base des conventions internationales en vigueur, l’huile de CBD ne constitue pas un produit stupéfiant. »