Bibliothérapie : lire pour se faire du bien
5 juillet 2020

Bibliothérapie : lire pour se faire du bien

La lecture a des vertus apaisantes. Mais bien plus encore. Régine Detambel, écrivain et kinésithérapeute, nous explique comment en s'immergeant dans une histoire, on peut s'identifier à des personnages complexes et se sortir de son quotidien.

Vous vous souvenez quand vos parents vous lisaient une histoire avant de vous endormir ? Leurs paroles vous berçaient. Et bien, sans le savoir, vos parents pratiquaient une forme de bibliothérapie. Se faire du bien, soigner ses plaies avec des livres est en fait un réflexe assez naturel. Pendant la pandémie de Covid-19, près d’un Français sur deux (42 %) a plus que d'habitude (1). Dans les pays anglo-saxons, la bibliothérapie se traduit même par de la "prescription" de lecture. En complément des traitements classiques, le service de santé britannique va jusqu'à recommander des listes de livres pour calmer des troubles anxieux, de l’humeur, du sommeil ou même pour des syndromes dépressifs. En France, la pratique de la bibliothérapie est plus souple. Régine Detambel, écrivain (2) et kinésithérapeute forme des bibliothérapeutes mais pas question de donner des recettes de bonheur. S'immerger dans une histoire, s'identifier à des personnages complexes, se sortir de son quotidien sont quelques uns des pouvoirs thérapeutiques des livres.
Mais, chacun d'entre nous doit trouver son chemin en lisant entre les lignes. Et comme les vacances riment avec évasion,  alors, profitez-en !
(1) Etude Hadopi/Ifop
(2) Les livres prennent soin de nous" Actes Sud - 2015

Développer de l’empathie Si vous voulez prendre
confiance en vous, réinventer votre vie ou encore être plus créatif, des livres de développement personnel peuvent vous donner un coup de pouce. Mais la littérature peut-elle aussi vous aider. Pour développer ses capacités d'empathie et d'intelligence émotionnelle, il serait même préférable de lire des grands romans, comme ceux de Tchékhov, comme l'a démontré une étude réalisée par des psychologues américains. Pas de prêt à penser mais une multitude de personnages, avec des situations qui peuvent faire écho à votre propre vie et donc vous aider à mieux appréhender les situations auxquelles vous devez faire face.

A voix haute pour vivre le récit
Rien de tel que de lire un texte à voix haute, avec ses silences, ses intonations, sa musicalité pour capter son auditoire et faire ressentir le plaisir du récit à des enfants. Quant au lecteur, non seulement il éprouve le plaisir de se sentir écouté, de donner le tempo, mais lire à voix haute, c'est aussi faire corps avec le texte. « On est en pleine conscience, dans l'instant présent, comme dans une séance de relaxation », explique Régine Detambel. Le rapport à la littérature devient physique… et donc moins intellectuel.

Un plaisir pas solitaire
Vous avez des mauvais souvenirs d'école où vous étiez obligé de lire un livre ? La bibliothérapie, telle que Régine Detambel la pratique peut vous aider à "réapprivoiser" les livres. Grâce à un animateur et des lectures collectives, vous pouvez utiliser les émotions suscitées par la lecture, les partager et éventuellement écrire, dessiner… et ainsi mieux « élargir nos existences toutes tracées, et les relancer vers des horizons insoupçonnés ». En revanche, si vous n'êtes pas fâché avec les livres, vous pouvez vous inscrire dans un club de lecture : partager vos coups de coeur, vos déceptions, écouter ceux des autres. S'offrir ce moment à soi peut contribuer à votre bien-être.

Picorer avec des poèmes
Vous n'arrivez pas à rester concentré ? La perspective de lire 500 pages vous semble insurmontable ? Pourquoi ne pas seulement picorer des bouts de texte, de la poésie notamment. En touchant avant tout notre sensibilité, en jouant sur les symboles, elle libère notre imagination. Pour le philosophe Jacques de Coulon, c'est un véritable outil de développement personnel. Selon lui, la poésie « renouvelle le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur notre environnement. Elle nous aide à vivre mieux. »