La myopie ne cesse de gagner du terrain en Europe. En France, 1 enfant sur 5 voit la vie en flou, de même que 37 % des adultes. En cause :l’usage excessif et le mode d’utilisation des écrans.
Un monde de myopes : voilà ce qui nous attend ! La myopie ne cesse de gagner du terrain en Europe. En France, 1 enfant sur 5 voit la vie en flou, de même que 37 % des adultes. Et si l’on continue sur cette lancée, le pays comptera 50 % de myopes d’ici 30 ans. A l’occasion de la Journée Mondiale de la Vue (12 octobre), Jean-Félix Biosse Duplan, délégué général de l’Asnav (Association pour l’Amélioration de la Vue) met en garde contre l’usage excessif des écrans.
Jean-Félix Biosse Duplan Deux vastes études internationales nous permettent d’isoler un facteur, sans équivoque : l’utilisation des écrans. Et je dis bien l’utilisation, car ce sont les conditions dans lesquelles nous utilisons ces outils qui posent problème : à l’intérieur, sans lumière naturelle. Le mécanisme est le suivant : un neurotransmetteur (1) n’est pas suffisamment activé par la lumière, du coup, l’œil s’allonge et devient myope. Le problème - outre le handicap induit par une forte myopie - c’est qu’à long terme, les conséquences peuvent être graves. Il existe une correspondance entre une myopie élevée et l’émergence de glaucome ou la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge).
(1) Molécule qui assure la transmission des messages d'un neurone à l'autre
Jean-Félix
Biosse Duplan : Evidemment, l’enjeu, c’est de réduire
leur utilisation, introduire de la modération dans son rapport aux
écrans. Car la corrélation écrans/myopie est étroitement liée
aux durées d’exposition. Mais surtout, il faut sortir, aller
dehors autant que possible, emmener ses enfants jouer au parc...
L’ennemi, c’est le canapé !
Et le pire du pire, c’est
de consulter son écran le soir, lumière éteinte avant d’aller se
coucher.
En Chine, ils testent les salles de classe avec des
murs en verre, pour laisser passer la lumière naturelle. Car
évidemment, on parle des écrans, mais on sait que la lecture
intensive, sans pause ni lumière naturelle, atteint l’œil de la
même manière - et les universitaires sont d’ailleurs des proies
de la myopie…
Jean-Félix Biosse Duplan : La myopie est liée à la génétique ; à cela, on ne peut pas grand chose, contrairement au facteur environnemental. On commence à fabriquer des moyens pour ralentir la progression de la myopie, notamment avec des lentilles. Mais le plus important, c’est de consulter au plus tôt pour diagnostiquer et corriger la vue. De nombreux parents ignorent quand faire le premier test visuel. C’est à 3 ans ! Pas après. Un enfant ne sait pas qu’il ne voit pas, donc c’est aux parents de prendre les devants.
En cas d’antécédents familiaux de myopie, il faut prêter une attention particulière à ces recommandations, afin d’éviter d’aggraver le facteur génétique.