Leclerc, Amazon, la vente de médicaments non soumis à prescription obligatoire suscite les convoitises. Pour l’instant, les pharmaciens maintiennent le monopole. Mais pour combien de temps encore ?
La pharmacie de quartier est-elle devenue has-been ? Attaquée aussi bien par les acteurs de la grande distribution - Leclerc en tête - que par Amazon, et toutes les nouvelles pharmacies en ligne, venues essentiellement de Belgique et des Pays-Bas, elle voit aujourd'hui son modèle soumis à rude épreuve.
Laissons de côté les médicaments nécessitant une prescription médicale. Leur dispensation nécessite toujours un conseil professionnel, que seul un pharmacien diplômé peut apporter. Rien ne remet aujourd'hui en question ce monopole.
En revanche, la vente de médicaments non soumis à prescription obligatoire suscite les convoitises. Le gouvernement réfléchit d'ailleurs à son élargissement, même si plusieurs tentatives ont déjà été abandonnées.
A l’heure où les pouvoirs publics souhaitent freiner la consommation de médicaments, cette « libéralisation » du marché pourrait apparaître comme un contresens.
Mais faut-il pour autant croire aux promesses des nouveaux acteurs ?
Leclerc n'a toujours pas été autorisé à vendre des médicaments contrairement à Amazon.
Le dépôt par Amazon de sa marque Amazon Pharmacy dans de nombreux pays a créé une certaine confusion. Mais Amazon, comme Leclerc, n'a pas l'autorisation aujourd'hui de vendre des médicaments en France. La loi est en effet précise : un site de vente en ligne de médicaments doit obligatoirement s'appuyer sur une officine physique, de manière indissociable. La stratégie d'Amazon Pharmacy est encore floue. En cas d'évolution de la réglementation, elle pourrait s'ouvrir comme une "market place" pour les officines françaises, ou restreindre son commerce à la parapharmacie.
Un pharmacien peut toujours donner le conseil. Qu'en est-il des ventes sur Internet ?
La prise d'un médicament, même sans prescription obligatoire, n’est pas un geste anodin. C'est d'ailleurs pourquoi le paracétamol, l'aspirine ou l'ibuprofène, ne sont plus disponibles aujourd'hui en vente libre. Même sur Internet, les pharmacies doivent proposer un conseil, en publiant, a minima, la notice des médicaments avant leur achat. Certaines offrent également des conseils en ligne ou permettent de vérifier que le médicament choisi convient, en fonction de votre âge, votre sexe… Mais en cas de doute, mieux vaut se déplacer pour demander directement conseil à votre pharmacien.
La justice a condamné les mensonges de Leclerc pour obtenir le droit de vendre des médicaments. Le vrai visage du Zorro, c’est moche !
En effet, le groupe E.Leclerc a été reconnu coupable en décembre de communication « trompeuse » dans ses parapharmacies. Selon le jugement, rien ne permettait « de prouver la présence effective de docteurs en pharmacie et leur disponibilité pour la délivrance de conseils aux clients », contrairement à ce qu'affirmaient ses publicités. Des pharmacies veulent aller plus loin aujourd'hui et préparent une action de groupe contre le distributeur.
Alors que le monde abonde de faux médicaments, que veulent nos gouvernements en favorisant les ventes sur Internet ?
La France n'est pas hermétique au fléau des faux médicaments et Internet est en effet son vecteur privilégié. D'où l'importance de ne pas acheter de médicaments en dehors des sites certifiés. Seules les pharmacies ont aujourd'hui accès au circuit légal de distribution de médicaments, qui permet d'assurer leur origine. En dehors de ce circuit, le risque de contrefaçon est très élevé. Mais, c’est vrai, la Haute Autorité de la concurrence souhaite assouplir la distribution pour l’aligner sur les voisins européens et pour faire baisser les prix de certains médicaments.
Amazon peut-il nous aider à lutter contre les pénuries de médicaments ?
Aux États-Unis, le groupe s'est allié à des fabricants de médicaments génériques pour proposer une gamme de médicaments sans ordonnance à bas coût. Difficile toutefois de savoir aujourd'hui si une telle initiative permet de lutter contre les pénuries. Mais ces « tensions » sont plutôt liées à l’incapacité des producteurs à répondre à la demande mondiale qui ne cesse d croître. L’épidémie de coronavirus qui a bloqué les chaines de production de matière première en Chine en est une bonne illustration.