Depuis une semaine, les personnels soignants enjoignent les Français à respecter les règles du confinement. Mais à l’inverse, les citoyens sont en droit d’attendre du corps médical le respect d’une discipline collective dans leurs pratiques.
Or, l’affaire de l'hydroxychloroquine offre une cacophonie. Présenté comme un remède miracle pour lutter contre le coronavirus, cet antipaludéen divise les médecins.
Les résultats préliminaires d’une première étude sont encourageants mais nécessitent d’être confirmés par des essais cliniques de plus grande ampleur avec une méthodologie et une surveillance des patients plus rigoureuses. C’est le cas de l’étude européenne lancée en début de semaine et que soutient une grande majorité de spécialistes. Avec la prudence qui s'impose.
De cette démarche scientifique, le Pr Didier Raoult, lui, n’en a que faire. Spécialiste de renommée mondiale, le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée s’affranchit allègrement de ces étapes indispensables pour proposer ce médicament à des patients. « Avec mon équipe, nous estimons avoir trouvé un traitement », affirme-t-il dans un entretien au Parisien.
Sauf que la médecine ne se fait pas sur une réputation ou des estimations - aussi encourageantes soient-elles - mais sur des preuves. Passons sur l’hystérie collective que rapportent plusieurs pharmaciens, les pénuries de ce médicament qui pénalisent les patients qui l'utilisent, pour un lupus par exemple, et les faux espoirs que peut faire naître cette annonce prématurée.
Mais surtout que dira-t-on aux patients déjà sous hydroxychloroquine si l’étude en cours montre que son usage dans cette indication provoque des effets indésirables graves ? Que les risques sont supérieurs aux bénéfices. Le redouter n’est pas le souhaiter.