Dénués de toute fonction nutritive, les additifs alimentaires permettent de conserver, colorer nos aliments et de leur donner parfois plus de goût. Il ne faut donc pas en abuser. Avec Anne-Laure Denans, docteur en pharmacie et nutritionniste, nous découvrons quels sont les additifs à éviter et comment les repérer.
Deux carrés de sucre par jour : c’est l’équivalent de la quantité moyenne d’additifs ingérée chaque jour par les Français. Soit quatre kilos par an. Ces chiffres, issus d’une nouvelle étude, font froid dans le dos.
Les additifs sont ces substances chimiques qui sont ajoutées dans nos aliments pour les rendre plus savoureux ou plus colorés… Mais alors que les industriels jouent aux apprentis sorciers avec la nourriture, nos organismes, eux, trinquent. Car bon nombre de ces additifs sont soupçonnés d’effets délétères sur la santé.
Comment les identifier et les éviter ? Les réponses d’Anne-Laure Denans, docteur en pharmacie et nutritionniste, auteure de l’ouvrage Le nouveau guide des additifs (éd Thierry Souccar).
Anne-Laure Denans. Ces substances n’ont aucune fonction nutritive. Elles ont pour but d’améliorer l’aspect des aliments (avec les colorants, par exemple), leur texture (avec les émulsifiants…), leur saveur (avec les exhausteurs de goût) ou encore de prolonger leur durée de conservation.
Les additifs sont la signature de l’ultra-transformation des aliments. Ils donnent l’illusion aux consommateurs qu’ils consomment quelque chose de bon, de naturellement goûtu… alors qu’il n’en est rien.
Par exemple, une célèbre soupe déshydratée estampillée « soupe aux légumes » ne contient que 8 % de légumes. Avec beaucoup de glutamate et d’exhausteurs de goût, on a effectivement l’impression de manger une soupe aux légumes. En fait, ils rendent mangeables ce qui ne l’est pas. Les aliments les plus concernés par les additifs sont ceux qui sont transformés (soupes instantanées, biscuits apéro, gâteaux, plats préparés, céréales…).
Anne-Laure Denans. Il faut se référer à l’étiquette. Pour se repérer, il peut être utile d’apprendre les grandes familles d’additifs, ou leur nom chimique.
Par exemple, les E100, ce sont les colorants ; les E600 les exhausteurs de goût ; les E300, les antioxydants… On sait que le E171 (dioxyde de titane) est potentiellement cancérigène, il a donc été interdit en France mais il ne faut pas hésiter à vérifier.
Le célèbre glutamate (E621) peut provoquer des maux de tête, des fourmillements, des troubles de l’appétit ; il pourrait notamment favoriser l’obésité.
Les phosphates, très présents dans la famille des E300 et des E400 (agents de texture), pourraient favoriser le risque cardiovasculaire et aggraver l’insuffisance rénale. De nombreux émulsifiants (E466, par exemple) pourraient déstabiliser la flore intestinale et générer des syndromes métaboliques.
Tous les additifs ne sont pas dangereux, mais quand on dit cela, on dit simplement que la littérature n’a pas encore démontré d’effet toxique, à ce jour.
Anne-Laure Denans. ...Oui et non. Bien sûr, si vous mangez une fois un biscuit plein d’additifs, vous n’allez pas avoir un cancer. Mais il existe un « effet cocktail » entre les additifs. Par exemple, il a été démontré que le bleu brillant (E133, présent dans les bonbons bleus, par exemple) associé au glutamate augmente les effets délétères de ce dernier. Je dirais que tout est affaire de fréquence : il faut éviter de consommer trop souvent des additifs. Je conseille à mes patients de regarder dans leur placard et de vérifier les aliments qu’ils mangent quotidiennement – les gâteaux, les céréales etc. S’ils détectent des additifs dangereux, il faut remplacer ces aliments par d’autres qui n’en contiennent pas, ou qui sont a priori moins toxiques. Globalement, s’il y a plus de 6 ou 7 additifs dans un aliment, il faut le bannir !
Anne-Laure Denans. Favoriser les aliments bruts, qu’on transforme soi-même. Par exemple, au lieu d’acheter des boîtes de céréales transformées, on peut prendre des flocons d’avoine, auxquels on ajoute des bouts de chocolat noir, des fruits secs… Si on n’a pas le temps de cuisiner, alors il faut essayer autant que possible de se reporter sur le bio. Il y a 338 additifs autorisés dans l’alimentation conventionnelle, dont 90 comporteraient un risque. Dans le bio, il y a en 50 autorisés, dont 7 qui poseraient problème. Il y a toujours moyen d’éviter les additifs. Et en tant que consommateur, nous avons le pouvoir de faire changer les industriels. On nous disait qu’il était impossible de faire du jambon sans nitrites… puis à la suite des polémiques, les industriels ont fabriqué du jambon sans nitrites.