Reconfinement : tenir le coup en se fixant un objectif
13 novembre 2020

Reconfinement : tenir le coup en se fixant un objectif

Vivre ce reconfinement est loin d’être facile et influe fortement sur le moral des Français.es. Le psychiatre et professeur Nicolas Franck nous donne quelques pistes pour améliorer notre santé mentale et notre bien-être durant ce deuxième confinement. 

Et c'est reparti pour un tour… Le reconfinement est tombé comme un coup de massue sur les Français, déjà soumis à de lourdes restrictions de liberté. Pour nombre d'entre eux, ce nouvel isolement – plus léger que le premier – sonne comme le début d'une sombre période. De fait, la santé mentale est la grande oubliée de ce confinement. Les pouvoirs publics n'y font pas allusion ; les actions préventives font défaut. Pourtant, le bien-être mental de la population est largement altéré par ces mesures, nécessaires mais difficiles à vivre. 

Le Pr Nicolas Franck, psychiatre, et auteur du livre Covid-19 et détresse psychologique (ed Broché) nous aide à ne pas tomber dans la résignation.

Qu'a-t-on appris du premier confinement, du point de vue la santé mentale ?

Que l'être humain n'est pas fait pour vivre isolé... Les études que j’ai menées montrent une altération importante du bien-être mental, en particulier pour 4 catégories de Français : ceux qui habitent dans des petites surfaces ; ceux qui ne travaillent pas ; les jeunes, surtout les étudiants ; les personnes avec handicap. Tous les items qui servent à définir le bien-être (espoir, sentiment de réussite, d'utilité...) sont dans le rouge et plus la durée du confinement s'allonge, plus les scores diminuent. On a aussi observé une explosion de la consommation de benzodiazépines [antidépresseurs, ndlr]. On n’a pas fait d’étude épidémiologique mais les troubles qui peuvent être révélés par une diminution du bien-être sont toujours les mêmes : troubles de l’adaptation, troubles anxieux, dépression, stress post-traumatique pour ceux qui ont été confrontés à la mort dans leur entourage.

Doit-on s'attendre à la même chose pour ce deuxième confinement ?

Les mêmes causes produisent les mêmes effets ... Pour ceux qui ont bien supporté le premier confinement, ça ira. Pour les autres, ce sera spécialement difficile. Le reconfinement réactive les émotions négatives développées en mars dernier, et peut les amplifier. D'autant plus que cette fois, les choses s'installent dans la durée, il n'y a pas de perspectives : le vaccin est long à fabriquer, l'épidémie ne s'est pas estompée. Il y a un effet de résignation très délétère car il peut s'accompagner d'un effondrement psychique. Par ailleurs, les conséquences économiques sont là. Beaucoup de personnes ont été précarisées, d’autres le seront. Cela va grandement influer sur le moral des Français, pour qui ce reconfinement s’annonce plus difficile que le premier.

Comment limiter l’impact psychologique de ce confinement ?

Il y a 4 choses à faire, à mon sens. D’abord, structurer ses journées, son emploi du temps : bien séparer les temps de veille et de sommeil (ne pas dormir par-ci par-là), les repas et les jeûnes (éviter le grignotage intempestif), les activités privées et professionnelles… Il faut que le temps, qui se dilate pendant le confinement, retrouve une structure.

Ensuite, maintenir des contacts sociaux. C’est primordial pour garder le moral. Passer des coups de fil, faire des visioconférences avec ses proches…

Puis, pratiquer une activité physique. Les bienfaits du sport sur la santé mentale ne sont plus à démontrer.

Enfin, il faut fixer un objectif de confinement, quelque chose que l'on construit pour positiver la période. Se mettre à la peinture, à la cuisine, à la guitare, participer à des concerts en ligne… Qu’importe ! Du moment que l’on puisse faire de ce moment difficile quelque chose de constructif.

En cas de mal-être, une cellule de soutien psychologique a été mise en place (0800 130 000, 7j/7 24h/24). Les psy sont aussi très mobilisés : n’hésitez pas à les (télé)consulter.