Suite à la crise du Covid les problèmes de santé mentale ont augmenté notamment chez les adolescents, étudiants et les femmes. Face à la demande accrue de nouvelles professions moins "traditionnelles" ont vu le jour . Comment choisir le bon thérapeute ? Les réponses de Patrick Ange Raoult, psychologue et secrétaire général du Syndicat national des psychologues.
Avec la crise du Covid, les besoins en santé mentale n'ont jamais été aussi importants. Selon les dernières données, 16 % des Français montrent des signes d'un état dépressif (6 points de plus par rapport au niveau hors épidémie), et 26 % d'entre eux présentent des signes d'un état anxieux (+12 points). Les enfants et les ados, les étudiants, les femmes sont particulièrement concernés.
Face à ces besoins accrus, l'offre de soins s'est elle-même étoffée. Aux côtés des praticiens plus « traditionnels » (psychologues, psychiatres...) d'autres professions ont vu le jour (coach, psychopraticiens...).
Selon l'Académie de Médecine, qui a produit un rapport sur la question, il est nécessaire de mieux organiser l'offre en psychothérapie, de mieux l'encadrer.
Quel professionnel pour quels maux ? Quand faut-il consulter ? Les réponses de Patrick Ange Raoult, psychologue et secrétaire général du Syndicat national des psychologues.
Il y a certains signaux qui doivent inciter à aller consulter : quand on est mis en souffrance par les uns et les autres, quand on est en conflit avec soi-même, quand on ressent un malaise vis-à-vis de soi... Cela peut être un simple état anxieux, ou un mouvement dépressif ponctuel qui ne nécessitera qu'un accompagnement léger ; quelques séances peuvent suffire à faire un travail de recul, de prise de distance, qui permet de réguler le mal-être ordinaire.
Certains événements de la vie (ado difficile, parent vieillissant...) réactualisent des blessures, et il ne faut pas hésiter à consulter. Les gens n'osent pas trop avoir recours aux psy, mais il faut garder en tête que parfois, il suffit vraiment de 2-3 rencontres pour recaler les choses.
Si l'on ne consulte pas face à un mal-être, le risque c'est que celui-ci se majore. Certains signaux doivent vraiment alerter : la perte d'envie, d'initiative... Il ne faut surtout pas banaliser les situations de souffrance, car elles peuvent être le signe d'un mouvement dépressif beaucoup plus important, installé depuis longtemps.
Le psychiatre a une orientation plus neuroscientifique, une approche pharmacologique, parfois comportementaliste, mais dans une moindre mesure. Il est moins formé à l'écoute que les psychologues, mais il a une réelle approche de terrain, notamment de l'hôpital. Il est adapté pour la prise en charge des états psychotiques, des troubles psychiques plus sévères, car il a des outils pharmacologiques pour y répondre. Les psychologues, eux, sont plus centrés sur le développement psychologique, la psychopathologie clinique, le « champ sentimental ». La psychothérapie, quant à elle, est un terme protégé depuis 2004 : seuls les psychiatres et les psychologues cliniciens peuvent se nommer psychothérapeutes. Enfin, il y a un tout un champ flou de personnes peu ou pas formées à la psychologie, regroupé sous le terme de « psychopraticiens ». Pour ma part, je ne conseille pas forcément d'y avoir recours.
Parce qu'ils n'ont pas les garanties suffisantes, ils n'ont pas assez d'outils pour détecter des troubles et les prendre en charge. Parfois, ils sont sérieux et il y en a des efficaces, c'est certain. Mais au cours de ma carrière, j'ai reçu beaucoup de personnes manipulées, exploitées financièrement, détruites psychologiquement, par des « psychopraticiens ». Le problème, c'est qu'il n'y a pas de contrôle ; ce n'est pas une profession réglementée et on peut tomber sur quelqu'un de malveillant – dans un contexte où l'on est soi-même vulnérable. Donc je déconseille.