Les femmes sont plus nombreuses à être touchées par des troubles du sommeil et à user de somnifères. La psychiatre spécialiste du sommeil Sylvie Royant-Parola nous explique d’où peuvent provenir ces troubles et comment y remédier.
Les femmes dorment moins bien que les hommes. Ce constat est une nouvelle fois souligné dans une étude, qui montre que les femmes consomment plus de somnifères et sont plus sujettes aux insomnies. Les travaux ont été menés à l’international (Royaume-Uni, Pays-Bas). Mais cette problématique se retrouve aussi en France, où les médecins du sommeil ont une patientèle plus féminine. Comment expliquer ce phénomène, et le prévenir ?
Les réponses avec le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialiste du sommeil et présidente du réseau Morphée.
Dr Sylvie Royant-Parola. C’est en effet un fait démontré dans la littérature, et une réalité dans nos cabinets : on dit qu’il y a en général deux femmes pour un homme. Cela s’explique notamment par le fait que les femmes sont plus demandeuses de solutions lorsqu’elles ont un trouble du sommeil, et sont donc plus enclines à consulter.
Les hommes ont plutôt tendance à consulter s’il y a une indication extérieure, si leur médecin les a orientés vers nous. Il existe aussi des facteurs confondants. L’anxiété et la dépression sont plus fréquentes chez la femme, or, c’est une cause courante d’insomnie.
Dr Sylvie Royant-Parola. Clairement, autour des grossesses et des naissances - et à tous les coups au deuxième enfant. L’interruption des nuits inhérente aux bébés, et l’augmentation de l’anxiété, exercent une pression plus forte sur la femme, qui peut développer des troubles durables du sommeil.
Idem lors de la ménopause. C’est un moment extrêmement difficile au niveau du sommeil. Les réveils nocturnes apparaissent, accompagnés parfois de suées qui rendent très difficiles les nuits. Le changement hormonal est tel qu’on n’a pas le même sommeil : cela bouleverse son rythme et sa durée.
Dr Sylvie Royant-Parola. L’insomnie, c’est un système qui se met en route. On dort mal, alors nuit après nuit, on met en place des stratégies pour essayer de récupérer : on se couche plus tôt, on se lève plus tard… On crée une irrégularité dans nos rythmes et on chronicise l’insomnie. C’est cela qu’il faut éviter, en particulier aux moments clé où la femme est exposée à ce risque.
A la ménopause, il faut accompagner le changement qui s’opère, ne pas chercher à conserver le même sommeil, ne pas être dans le contrôle. Il faut savoir que le nouvel équilibre peut mettre deux ou trois ans à se mettre en place. Dans un contexte de naissance, la solution, c’est de partager les interventions la nuit avec son partenaire, pour ne pas faire peser toute la charge sur le sommeil de la femme.