Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie à l'Université Paris 7, distingue la fatigue réactionnelle de la fatigue dépressive, propose des critères de dissociation de ces fatigues et énumère les bienfaits de l'activité physique et tout ça pour la team Dr.Good!
Les Français n'en peuvent plus ! C’est ce qui ressort d’un sondage Ifop-Fondation Jean Jaurès, dans lequel la fatigue apparaît comme l’un des sentiments prédominants cité par les participants.
Ainsi, 17 % d’entre eux placent la fatigue comme première sensation ressentie durant l’année 2020, bien loin devant la sérénité et le bien-être (8,5 % et 7,5 %). La crise sanitaire fait partie des premiers motifs de fatigue ; d’ailleurs, l’OMS parle de « fatigue pandémique » touchant la population mondiale.Se sentir fatigué, c’est très fréquent - voire normal.
Mais cela peut aussi être le signe d’un mal-être, d’un trouble anxieux, dépressif… Bref, un signal à ne pas sous-estimer. Comment décrypter notre fatigue ? Les réponses de Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie à l'Université Paris 7 et auteur de l’ouvrage Les 4 Temps de la Renaissance (ed.Lattès), qui donne des stratégies pour résister face à la crise sanitaire.
Pr Michel Lejoyeux. Il y a deux types de fatigue. La première, réactionnelle, est liée à des événements extérieurs - la crise, la saison hivernale, une vie professionnelle ou personnelle chargée…
Puis, il y a une autre fatigue, qui peut être le marqueur d’un syndrome dépressif. Il faut savoir que la fatigue est le signe d’appel d’une dépression sur deux. Tant qu’il s’agit de la première fatigue, pas de problème (pour le psychiatre que je suis, en tout cas !) ; la seconde est plus problématique.
Pr Michel Lejoyeux. Elle est reconnaissable grâce à trois critères. D’abord, elle est associée à une perte d’envie. Être fatigué parce qu’on n’a pas d’énergie, ou parce qu’on n’a pas envie, ce sont deux choses différentes. Si la fatigue s’associe à une perte de désir, c’est un signal.
Autre marqueur : si elle est associée à une fatigue de soi-même. On se fait des reproches, on culpabilise de son état, il y a une perte d’estime de soi…
Enfin, dernier signe : quand la fatigue ne passe pas malgré le repos, voire s’aggrave. Les vacances d’hiver seront un bon test : si la fatigue passe, c’est qu’elle est liée au surmenage ; si elle s’aggrave malgré le repos, on est dans le second cas.
Pr Michel Lejoyeux. Il y a quelques trucs qui « dé-fatiguent » bien - si cette fatigue n’est pas liée à un trouble psychologique. C’est le cas de l’activité physique. On sait que la sédentarité augmente la fatigue. Plus je bouge, moins j’aurai tendance à développer ce sentiment.
Plutôt que de s’imposer des exercices de méditation, de relaxation… j’aurais tendance à inciter au mouvement. Il faut aussi avoir des temps clairs qui régissent le travail et la vie intime. De même que l'on ne se laisse pas distraire quand on est en rendez-vousprofessionnel, on ne devrait pas laisser la sphère professionnelleinterférer dans la vie privée
Enfin, intégrer de la nouveauté, de l’imprévu, dans sa vie : avoir toujours les mêmes repas, les mêmes loisirs, les mêmes journées… c’est usant. La semaine qui s’annonce ne doit pas être exactement la même que la précédente.