Activité physique : les Français dans les startings-blocks
30 mars 2021

Activité physique : les Français dans les startings-blocks

Le nombre de Français qui pratique une activité physique régulière a sensiblement chuté avec l'arrivée du coronavirus. Pour faire face aux nombreux lieux fermés qui permettaient de pratiquer une activité physique, les Français doivent réinventer leur pratique sportive. Le Dr Alexandre Feltz, en charge de la santé publique à la mairie de Strasbourg, s’inquiète de la sédentarité et de l’inactivité physique des Français et évoque les solutions qui s’offrent à nous.

Gymnases et piscines fermés, clubs et associations à l’arrêt, bouger, faire du sport en ce moment  est une véritable épreuve. Le nombre de licenciés est en chute libre : certaines associations sportives d’Ile-de-France ont perdu la moitié de leurs adhérents, révèle Le Parisien. Au total, selon un baromètre publié par le ministère des Sports, 38 % des Français ont réduit leur pratique sportive pendant le premier confinement.

Pourtant, il existe bel et bien une tendance de fond en faveur de l’activité physique au sein de la population : en 2020, deux Français sur trois ont tout de même pratiqué une activité sportive. Le sport, un vrai médicament universel, aussi efficace en préventif qu’en curatif, le message s’installe dans l’opinion.
Conscientes de ce mouvement, les autorités nationales et territoriales ont mis en place plusieurs dispositifs pour promouvoir la pratique de l’activité physique, notamment chez les personnes malades ou à risque. Un tiers de la population est concernée.
Les promoteurs des JO 2024 souhaitent profiter de l’évènement pour remettre la France en marche en commençant par les cours de récréation.
Le Dr Alexandre Feltz, en charge de la santé publique à la mairie de Strasbourg, décortique les dispositifs des sports sur ordonnance.

Quel impact a la crise sanitaire sur l’activité physique des Français ?

Dr Alexandre Feltz. L’épidémie de Covid-19 est en train de créer une épidémie de sédentarité et d’inactivité physique très inquiétante. Le télétravail a supprimé l’activité physique nécessaire pour se rendre à son lieu de travail. A l’école, les activités sportives ont été interrompues (même si elles reprennent doucement). Tous les rituels des sportifs - les matchs, les entraînements… - ont été arrêtés. C’est du jamais vu.
Mes patients me disent : « on ne peut plus faire de sport ! ». De fait, si on ne pratique pas un sport d’extérieur, on ne peut rien faire… Alors, on a effectivement vu un engouement pour le sport chez certains depuis le début de la crise et le premier confinement. Mais c’est resté très marginal et réservé à certaines franges de la société.
Heureusement, le nouveau confinement autorise les sorties à l’extérieur ; avec le printemps et l’accès à la nature, il y a une carte à jouer sur l’activité sportive.

Le gouvernement met l'accent sur les maisons sport-santé. Comment ça marche ?

Dr Alexandre Feltz. Ces dispositifs agréés mettent en lien des usagers avec des structures sportives. A ce jour, 280 sont labellisées et le gouvernement mise sur 500 d’ici 2022.
L’intérêt est multiforme : une maison, ça peut être juste une plateforme, un site Internet qui fait le lien entre tous les acteurs ou bien un espace de 1700m2 comme ici à Strasbourg, avec un équivalent temps plein consacré au lieu ou encore une équipe itinérante dans les zones rurales…
C’est une bonne idée qui va dans le sens d’une coordination territoriale. Mais en pratique, c’est très variable. Certaines maisons n’ont en fait aucune activité. Il y a très peu de moyens accordés à ce dispositif, un petit budget de fonctionnement et pas de budget d’investissement.
C’est un bel objet, mais il faut encore le faire vivre. Il s’adresse à tous, mais à ce jour, reste très cantonné au sport santé (prescrit sur ordonnance, dans le cadre d’une pathologie).

Le sport sur ordonnance élargi aux malades chroniques et à risque peut-il booster l’activité physique des Français ?

Dr Alexandre Feltz. De fait,  le sport sur ordonnance peut concerner un très grand nombre de personnes : un tiers de la population pour les maladies chroniques, et 50 % des Français si on intègre les personnes fragilisées. Dans les faits, il est déjà proposé aux personnes atteintes d’obésité, d’hypertension - en tout cas ici, à Strasbourg - mais aussi de burn-out, de Covid long…
Evidemment, cet amendement qui élargit la prescription, c’est une bonne chose. Mais là encore, tout est question de financement. Tant que le sport sur ordonnance n’est pas pris en charge par la Sécu, et qu’il n’y a pas de structures sur les territoires pour l’organiser, ça ne sert à rien de l’élargir.
D'ailleurs, il y a une grande inégalité d’accès au sport sur ordonnance dans les territoires. Un gros travail est nécessaire à ce niveau là.

Pour stimuler l’activité sportive, de quels autres leviers les villes disposent-elles ?

Dr Alexandre Feltz. En prévention primaire, pour inciter les citoyens à faire de l’activité physique, il y a plein de choses à faire. A Strasbourg, il y a par exemple les rues scolaires : on est obligé de se rendre à pied à l’école ; du coup, les parents et les enfants font de l’activité physique. Augmenter les heures de sport à l’école, faire entrer les clubs et les associations dans les lieux scolaires, délivrer des bourses sportives et sociales pour les jeunes… Il existe plein de solutions au niveau des Villes. Les Jeux Olympiques seront, on l’espère, l’occasion de déployer des moyens dans les territoires pour stimuler l’activité physique et sportive.

Maison sport-santé, clubs, asso… des dispositifs sportifs existent près de chez vous et permettent de se (re)mettre au sport, de manière adaptée et accompagnée. N’hésitez pas à faire une petite recherche Internet.