Avoir une bonne mémoire, c’est donné à chacun d’entre nous. Tel est le message d’un ouvrage (1) qui donne des clés et des astuces pour augmenter ses capacités mémorielles et entretenir sa santé cérébrale à travers les années.
Les auteurs déconstruisent les mythes autour de la mémoire et nous font découvrir son incroyable potentiel, que nous sommes nombreux à sous-estimer. Ne plus oublier les visages et les noms, mémoriser des informations complexes, des textes par cœur... c’est à notre portée. Tout est affaire de méthode. En quoi consistent ces astuces ? Les réponses de Fabien Olicard, mentaliste et co-auteur de l’ouvrage.
(1) Mémoire : vous avez le pouvoir ! Michel Cymes et Fabien Olicard (Solar, First Editions, à paraître le 12 mai 2022)
A-t-on une bonne ou une mauvaise mémoire ?
Fabien Olicard. Justement, la mauvaise mémoire, c’est un neuromythe (croyance erronée sur le fonctionnement du cerveau : ndlr) ! En réalité, sauf en cas de maladie, l’humanité a une bonne mémoire ; simplement, on ne nous apprend pas à apprendre et à mémoriser.
De même, l’idée selon laquelle certains auraient une mémoire visuelle et d’autres auditive... c’est une légende. Nous possédons tous ces différents types de mémoire. Il existe d’ailleurs un prix de 5 000 dollars décerné à qui trouverait la preuve que certaines personnes ont un type de mémoire en particulier. Personne ne l’a jamais remporté, puisque c’est un mythe !
Les astuces que nous proposons existent depuis l’Antiquité, où la transmission se faisait par voie orale.
Travailler sa mémoire, est-ce contraignant ?
Fabien Olicard. La plupart des méthodes sont très légères car elles corrigent des défauts d’utilisation de la mémoire. Par exemple, pour arrêter de chercher partout ses clés, il suffit de verbaliser l’action, de dire tout haut : « je pose mes clés sur la table ». Il ne s’agit pas de mémoire auditive, mais simplement de faire fonctionner l’attention. S’il n’y a pas d’attention, le cerveau ne retient pas ; c’est une alliée de la mémoire.
Il y a aussi des astuces en apparence plus complexes, mais qui permettent de ne pas oublier. Par exemple, quand on a quelque chose de difficile à apprendre, avec beaucoup de données, la meilleure manière de le mémoriser est de l’apprendre à quelqu’un d’autre : le cerveau synthétise, comprend, vulgarise et retient.
Outre l’attention, quels sont les autres alliés de la mémoire ?
Fabien Olicard. L’émotion en fait partie. L’amygdale, collée à l’hippocampe où est stockée la mémoire émotionnelle, fonctionne comme un videur de boîte de nuit : elle laisse entrer les informations selon leur charge émotionnelle. Quand une émotion est très forte, l’amygdale fixe cette information. C’est pourquoi on se souvient tous de ce qu’on faisait le 11 novembre...
Autre allié de la mémoire : le jeu. Les mammifères apprennent mieux dans un contexte ludique. D’ailleurs, les jeux de société sont un excellent moyen pour entretenir sa mémoire.
Enfin, il y a tout ce qui concerne les modes de vie : le sommeil joue un rôle essentiel car il permet de fixer l’information ; l’hydratation aussi, car le cerveau est composé d’eau et de gras ; l’alimentation.
Ces astuces permettent-elles de lutter contre le déclin cognitif ?
Fabien Olicard. On ne sait pas comment lutter contre les maladies neurodégénératives ; en revanche, on peut en retarder les symptômes. De fait, la stimulation cognitive - notamment le fait de faire de nouvelles choses, dont on n’a pas l’habitude - permet de créer de nouvelles connexions entre les neurones. Plus l’on augmente ce maillage, ces connexions, plus la mémoire se maintient.
Il n’y a d’ailleurs pas d’âge pour apprendre de nouvelles choses. Les études montrent que les capacités d’apprentissage sont équivalentes chez les personnes âgées et les enfants, voire plus durables : les enfants apprennent plus vite mais les personnes âgées retiennent plus longtemps.