Médecines complémentaires : les conseils pour en faire bon usage
21 juin 2022

Médecines complémentaires : les conseils pour en faire bon usage

Thérapies complémentaires ou alternatives, médecines douces, parallèles ou non conventionnelles… il existe de nombreuses pratiques qui sortent du champ de la médecine traditionnelle.

Plus de 2 Français sont 3 sont convaincus que les médecines alternatives et complémentaires ont des bienfaits (1). Et plus de la moitié d’entre nous a déjà eu recours à l’acupuncture, l’hypnose ou encore la méditation… 
Plébiscités par les malades, ces traitements trouvent de plus en plus leur place dans les services hospitaliers. Et l'opposition frontale entre médecine conventionnelle et  thérapies complémentaires a heureusement du plomb dans l’aile. 
Cependant, comme vient de le montrer une étude parue dans le Jama Oncology, leur utilisation à mauvais escient n’est pas sans risque. 
Pourquoi ses thérapies peuvent nous font du bien ? Peut-on se passer de médicaments sans se mettre en danger ? Les réponses du Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre, et co-auteur de plusieurs rapports Inserm sur les thérapies complémentaires. 

(1) Sondage Odoxa réalisé sur un échantillon de 995 Français et 515 professionnels, décembre 2018 

Une étude pointe les risques d’un recours aux médecines traditionnelles...

Pr Bruno Falissard. Elle montre que cela diminue leurs chances de survie mais cette étude ne porte que sur des malades du cancer. Dans ce cas, si on présente ces thérapies comme curatives à des patients qui savent que les traitements anticancéreux ont des effets secondaires importants, on comprend que les patients aient à tendance à reculer la prise des médicaments traditionnels. Bien évidemment, il ne faut absolument pas dire que ces traitements complémentaires soignent le cancer sinon c’est la catastrophe.

A-t-on des preuves de l’efficacité de ces traitements non médicamenteux ?

Pr Bruno Falissard.En fait, nous manquons de preuves parce que les études traditionnelles qui sont conduites pour mettre des médicaments sur le marché ne sont pas adaptées pour évaluer ces traitements. A la différence d’une pilule fabriquée industriellement, une séance d’hypnose n’est pas reproductible à l’identique. 
En outre, ces études coûtent très cher à mener. Il n’empêche… Ces thérapies complémentaires peuvent par exemple améliorer la gestion des effets secondaires des chimio mais leur efficacité peut aussi venir de la qualité de la relation entre le soignant et le malade… Les contraintes hospitalières sont telles que le temps consacré au patient est limité. La Haute Autorité de Santé ne publie aucune recommandation sur comment parler au patient. Ce n’est pas prioritaire…

Quelles sont les thérapies complémentaires les plus indiquées ?

Pr Bruno Falissard. Nous avons des retours impressionnants concernant par exemple la méditation de pleine conscience dans la dépression résistante et les troubles de la personnalité. L’acupuncture et l’hypnose ont aussi des effets intéressants dans la prise en charge des effets secondaires des chimiothérapies. Mais je pense qu’il ne faut pas raisonner ainsi : une technique face à une maladie. Devant une plainte, les soignants doivent chercher à la comprendre pour trouver une réponse. La méditation, par exemple, ne convient pas à tout le monde. Cela implique que les médecins enlèvent leurs œillères, écoutent, acceptent les malades tels qu’ils sont.

Comment choisir en confiance un thérapeute ?

Pr Bruno Falissard. En tout premier lieu, si le thérapeute dénigre les soins traditionnels, ou pire encore, vous conseille d’y renoncer, c’est carton rouge ! Il faut fuir. Mon deuxième conseil est de se méfier de ces « soignants » qui s’intéressent de très près à votre portefeuille et vous réclame des sommes importantes. 
Mais il faut reconnaître que certains de ces « pseudo thérapeutes » sont de très bons manipulateurs et qu’ils font tout pour que vous tombiez sous leur emprise. 
C’est une des raisons pour lesquelles il faut dire à son médecin que l’on a recours à une thérapie complémentaire. Mais trop de patients n’osent pas l’avouer. Le médecin a encore trop souvent un statut de scientifique sensé tout savoir. C’est le drame de l’incommunication. 
Un patient qui nous annonce être guéri, ne plus souffrir de son mal au dos après des séances d’acupuncture par exemple, a toujours raison.