La pratique d’un sport semble être de plus en plus négligée par les Francais-es en cette période de confinement. Pourtant, elle permet de diminuer de 30% le risque de contracter une des 36 maladies chroniques. Médecin du sport, Cardiologue au CHU de Rennes, le Pr François Carré nous partage ses astuces pour continuer à se maintenir en forme, quel que soit notre âge.
Un cri d’alarme. Des médecins s’inquiètent, dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, du coup d’arrêt marqué par le confinement dans la pratique du sport. Principaux concernés : les patients atteints de maladies chroniques (diabète, cancers…), dont le sport fait partie intégrante du traitement, et qui risquent de voir leur maladie s’aggraver en l’absence d’activité physique.
Mais le constat vaut pour tout le monde. Si certains Français se sont mis au sport pendant le confinement, d’autres en ont complètement abandonné la pratique. Avec des conséquences potentiellement graves. Explications avec le Pr François Carré, médecin du sport et cardiologue au CHU de Rennes.
Pr François Carré. Ce n’est pas parce qu’on arrête trois mois le sport qu’on ira mal. Mais il y a plusieurs problèmes. D’abord, la prise de poids. On l’a vu pendant le premier confinement ; aujourd’hui, beaucoup de personnes n’arrivent pas à perdre les kilos pris en mars. Ensuite, le retentissement psychologique. Le confinement agit sur les niveaux d’anxiété ; or, on sait que le sport est un médicament contre la dépression. Enfin, il y a un risque que les gens qui arrêtent le sport entrent dans un cercle vicieux de sédentarité. Si cela devient une tendance et s’inscrit sur le long terme, alors, oui, il peut y avoir des retentissements importants sur leur santé.
Pr François Carré. Les personnes s’exposent à un risque accru de pathologies chroniques. Aujourd’hui, on dénombre 36 maladies chroniques. On sait que le sport réduit de 30 % le risque de contracter la plupart d’entre elles. Evidemment, il n’y a pas que le sport ; il y a le tabac, l’alcool, la malbouffe… Mais bon, 30 %, ce n’est pas rien ! On sait aussi que le sport, quand on est malade, diminue le risque de complications et de mortalité. Pour un cancer du sein, le risque de récidive est réduit de 30-40 % chez les personnes qui font de l’activité physique. Le sport, c’est un médicament.
Pr François Carré. D’abord, on peut mettre à profit l’heure quotidienne de sortie autorisée pour bouger, se promener. Si les enfants et les ados deviennent sédentaires, c’est problématique. Un enfant qui ne bouge pas sera un adulte qui ne bougera pas. Ensuite, on peut faire du sport à domicile. En gros, il y a deux choses à faire : du cardio (corde à sauter, jump…) et du renforcement musculaire (gainage, monter des étages…). Après 65 ans, il faut ajouter du travail d’équilibre (sur un pied, puis sur l’autre…).
Pour les malades chroniques, il faut vérifier que les tutos sur internet sont bien réalisés par des enseignants en activité physique adaptée (EAPA). Et pour les enfants, faisons preuve d’imagination. On peut par exemple jouer à la marelle dans son salon, avec des bouts de papier. A noter qu’un enfant qui bouge améliore sa concentration et apprend mieux ses leçons à l’école…