Le télétravail, mauvais pour nos lombaires ? Alors qu’en pleine pandémie, ce mode d’activité s’impose aux Français, on lui découvre progressivement certains effets délétères pour notre santé.
Le télétravail, mauvais pour nos lombaires ? Alors qu’en pleine pandémie, ce mode d’activité s’impose aux Français, on lui découvre progressivement certains effets délétères pour notre santé. Le dernier Bulletin Epidémiologique de Santé Publique France pointe un risque de lombalgie : 10 % des télétravailleurs s’en plaignent, alors qu’ils n’avaient jamais connu de douleurs dorsales auparavant. Chez ceux qui souffraient déjà de lombalgie, les douleurs se sont aggravées dans 11 % des cas.
« Alors que l’épidémie de Covid-19 est de nouveau dans une phase croissante, des mesures pourraient être proposées aux travailleurs pour prévenir un nouvel accroissement de la lombalgie et de ses conséquences », peut-on lire dans le BEH. Mais en attendant ces nouvelles recommandations, des actions peuvent être mises en œuvre. Le kinésithérapeute Grégoire Gibault, alias Major Mouvement, propose plusieurs pistes pour redevenir acteur de son rythme quotidien.
Major Mouvement. Le mal de dos est multifactoriel ; le télétravail favorise l’exposition à ces facteurs d’aggravation. Tout d’abord, il y a le manque d’activité physique, primordiale pour prévenir et atténuer la douleur. Puis, le manque de lien social. Au boulot, on bouge, on se lève pour prendre un café, on discute. Tout cela permet de sécréter des hormones qui inhibent le message douloureux. Ensuite, il y a le manque de rythme. La routine est brisée, la gestion des repas, des horaires est modifiée. C’est comme si on était en changement d’heure toute la semaine ! Or, le corps aime les choses rythmées.
Le télétravail fait éclater la frontière entre vie privée et professionnelle, ce qui génère, d’un point de vue chimique, un stress et une anxiété qui favorisent la douleur. Enfin, l’ergonomie du poste de télétravail n’est pas toujours optimale.
Major Mouvement. Le plus important, c’est la gestion des rythmes. Ne pas répondre aux messages perso pendant le travail ; ne pas consulter ses mails pro quand on est off. Il faut devenir acteur de son rythme, ne plus subir les perturbations. Retrouver une activité physique, c’est aussi primordial. Il faut renouer avec ces 20-30 minutes de marche quotidiennes qui nous menaient au boulot. Par exemple, aller marcher pour faire sa réunion professionnelle, avec une paire d’écouteurs. Puis, il faut retrouver du lien social pour sécréter de l’ocytocine. Mais du vrai lien ! Discuter avec 35 personnes sur les réseaux sociaux, ça ne fait pas sécréter grand-chose. C’est le fait d’avoir une conversation profonde, de qualité, qui fonctionne.
Major Mouvement. Avant de démarrer la journée, il faut prendre 5 minutes pour aménager son espace de travail, dégager le bureau, les restes du petit déjeuner, les factures qui traînent… Pour un poste ergonomique, le critère, c’est le confort. Dès qu’il y a un message d’inconfort, on bouge et si ça revient, on modifie la configuration de l’espace de travail : écran à hauteur des yeux (webcam au niveau du regard), fauteuil qui respecte les courbures du dos (creux au niveau des cervicales et des lombaires).
Major Mouvement. On bouge ! Le mouvement est le meilleur traitement contre le mal de dos. La marche rapide (20 minutes par jour) le yoga, la musculation sont excellents pour le dos. Il n’y a pas vraiment de spécificité du mouvement, ni de sport plus recommandé qu’un autre. Tout cela doit être guidé par le bon sens : il faut y aller progressivement. Globalement, il faut être bienveillant avec soi-même. Le contexte pandémique est difficile pour tout le monde ; chercher la performance, vouloir être meilleur et plus efficace, ça génère un stress néfaste.
En cas de douleurs persistantes, n’hésitez pas à consulter un médecin ou un kiné.