Les troubles musculo-squelettiques, qui représentent des douleurs au niveau des articulations, touchent tous les domaines de métiers. Pour le kinésithérapeute Grégoire, alias Major Mouvement, il faut veiller, avant tout, à analyser sa situation de travail dans sa globalité, afin de prévenir les TMS. Il répond à nos questions.
Troubles musculo-squelettiques : derrière cette formule compliquée, un phénomène très répandu. En France, les TMS représentent 87 % des maladies professionnelles. Ces pathologies, qui touchent les articulations, les muscles et les tendons, représentent un enjeu socioéconomique de taille : près d’un salarié atteint de TMS sur deux développe des séquelles à long terme, avec des risques élevés de désinsertion professionnelle.
Dans son dernier bulletin hebdomadaire, Santé Publique France conclut, sans surprise, que des mesures préventives sont effectivement aptes à réduire l’incidence des TMS.
Une prévention qui doit passer par une approche globale, une analyse intégrale des postes de travail, explique le kinésithérapeute Grégoire, alias Major Mouvement.
Major Mouvement. ll faut sortir de la notion de risque, dans laquelle on enferme trop souvent les TMS. Certes, il y a des facteurs de risque, mais c’est plus compliqué que : j’ai mal au dos car je porte des cartons, ou j’ai une tendinite à l’épaule parce que je suis trop assis.
La prévention des TMS implique une analyse globale du poste de travail, de son impact sur le plan physique, social, professionnel, émotionnel. Il s’agit d’une triple approche bio-psycho-sociale, avec laquelle on va interroger l’ensemble du poste : l’ergonomie au sens large, les rapports entre collaborateurs et avec la hiérarchie, le modèle de travail, le bien-être personnel…
Si votre patron est un tyran, vous aurez beau avoir la meilleure chaise de la terre, elle ne pourra rien contre votre mal de dos.
Il n’y a pas de modèle unique qui fonctionnerait sur tout le monde, et l’approche fondée sur les risques seuls est insuffisante.
Major Mouvement. De mener, justement, cette analyse globale. Il s’agit de regarder l’ensemble de la situation. Les TMS sont des signaux, des messages douloureux que nous envoie notre corps qu’on sollicite au-delà de ses capacités.
Il faut se pencher sur toutes les composantes : quel est le niveau de motivation, est-ce que les compétences sont bien exploitées… Certaines personnes sont plus efficaces de nuit, alors que d’autres travailleurs de nuit vont développer des TMS. Parfois, c’est juste parce qu’ils ne sont pas socialement ou biologiquement conçus pour travailler la nuit. C’est tout ça qu’il faut examiner.
Major Mouvement. Le discours public est en train de changer. On se rend bien compte que parler simplement des risques et de prévention sans changer les process, ça ne sert à rien. Maintenant, les entreprises ont-elles la volonté sincère de modifier les postes de travail ? Ça prendra du temps.
Je donne beaucoup de conférences en entreprise sur le bien-être au travail et j’entends souvent des formules comme « j’ai mal au dos parce que je me tiens mal ». Il y a encore peu d’outils par appréhender les TMS dans leur globalité.
De nombreux spécialistes sont impliqués dans la prise en charge des TMS : ergonome, psychologue du travail, kiné… n’hésitez pas à les consulter !