Le sommeil serait un moyen pour le cerveau de récupérer. Pourtant, de nombreuses personnes, et particulièrement les personnes âgées auraient un sommeil de mauvaise qualité. Pourquoi et comment améliorer son sommeil ? Le Dr Antoine Piau, gériatre au CHU de Toulouse, nous expose ses solutions.
Serait-ce la clé pour maintenir son cerveau en forme à travers les années ? Une équipe de l’Inserm s’est penchée sur le lien entre sommeil et santé cérébrale. Les résultats de l’étude montrent que les « petits dormeurs » (moins de 6 heures par nuit) âgés de 50 à 70 ans ont un risque de démence augmenté de 30 % par rapport à ceux qui dorment mieux et plus.
Plus la qualité du sommeil est dégradée, plus le risque de maladie neurodégénérative est élevé. Le sommeil apparaît comme une composante essentielle de la santé cérébrale et cognitive chez les 50 ans et plus.
Le problème, c’est qu’avec l’âge, les problèmes de sommeil sont fréquents… Comment lutter contre eux, et renforcer son hygiène de sommeil ? Les réponses du Dr Antoine Piau, gériatre au CHU de Toulouse.
Dr Antoine Piau. Cette étude montre une nouvelle fois les liens ténus qu’il existe entre les deux. On a longtemps considéré à tort le sommeil comme un simple repos du corps, une phase passive qui ressemblerait à une anesthésie générale ou un coma.
On sait aujourd’hui que le sommeil est au contraire une phase hyperactive au cours de laquelle le cerveau récupère. Il est plus nécessaire au cerveau qu’au corps. D’ailleurs, la privation de sommeil engendre rapidement des délires, des hallucinations…
Et on suspecte les somnifères, qui nuisent à la qualité du sommeil et à ses processus, d’accélérer le développement de la maladie d’Alzheimer.
La santé du cerveau est intimement liée au sommeil. Le problème, c’est que beaucoup de personnes âgées n’ont pas un sommeil de bonne qualité.
Dr Antoine Piau. La consommation de somnifères et le mésusage sont très répandus parmi les personnes âgées : 30 % d’entre elles sont dépendantes aux hypnotiques et ont des prescriptions inadaptées, au long cours.
En fait, avec l’âge, les rythmes du sommeil se modifient : les nuits sont plus courtes, les réveils nocturnes plus fréquents. Mais beaucoup de personnes n’y sont pas préparées et n’acceptent pas ces modifications qui perturbent leurs habitudes de sommeil.
Une fois à la retraite, elles ont tendance à se coucher plus tôt, vers 22h ; mais beaucoup veulent garder leur heure de réveil habituelle, 7-8h. Le problème de nombreux patients, c’est qu’ils veulent trop dormir, ils demandent à leur corps une chose impossible.
Ces phénomènes engendrent des plaintes du sommeil. Toute la difficulté, dans la prise en charge, est de faire la différence entre ces plaintes et des troubles réels du sommeil.
Dr Antoine Piau. D’abord, il est essentiel de faire prendre conscience qu’en partant à la retraite, en prenant de l’âge, les rythmes du sommeil sont perturbés, que c’est un processus normal qu’il faut accompagner, accepter. Si cette sensibilisation a lieu, on a fait 90 % du travail.
Ensuite, il faut limiter la consommation et les prescriptions au long cours de somnifères, qui sont à l’origine de chutes, de troubles de la mémoire, d’accidents… Au bout de quelques jours, ces molécules agissent 24 heures sur 24, on est complètement dans le gaz. Cette fatigue résiduelle dont souffrent les patients est un point sur lequel on peut s’appuyer pour les sortir de ces consommations.
Enfin, il existe des conseils non médicamenteux pour développer une bonne hygiène de sommeil : se coucher à heures fixes, dormir toujours dans la même pièce, quitter son lit dès le réveil et n’y revenir que pour dormir le soir ; éviter les siestes si on dort mal la nuit…
N'hésitez pas à parler avec votre médecin de ces modifications du sommeil qui interviennent avec l’âge, afin de vous y préparer et de les accompagner au mieux !