Prévenir c’est guérir. Pourtant, les Français ne semblent pas être particulièrement touchés par les messages de prévention de santé publique. Quelle solution adopter ? Le Dr Christophe de Jaeger, Institut de médecine et de physiologie de la longévité, propose de revenir sur le ciblage des populations, sur les changements de comportements et sur sa méthode, développée dans son ouvrage Longue Vie.
Ce 7 avril, c’est la Journée mondiale de la Santé ! Un événement qui passe souvent inaperçu alors que la santé occupe une place toujours plus importante dans l’esprit des Français. C’est même leur première préoccupation en 2021, devant le chômage ou le pouvoir d’achat.
Malgré tout, force est de constater que prendre sa santé en main… c’est une affaire complexe, pour chacun d’entre nous. On connaît bien les messages de santé publique mais on a du mal à les faire nôtres : une personne sur quatre fume, une sur trois est sédentaire…
Comment expliquer l’échec de la prévention collective ? Et comment parvenir à modifier nos comportements, au niveau individuel ?
Les réponses du Dr Christophe de Jaeger, Institut de médecine et physiologie de la longévité et auteur de l’ouvrage Longue Vie ! (Ed. Télémaque).
Dr Christophe de Jaeger. Le problème des messages collectifs, communs à tous (sur le tabac, le sport...), c’est qu’on a tendance à les entendre pour les autres, mais pas pour soi-même. Deux choses expliquent cela. D’une part, quand on est en bonne santé, on a du mal à se projeter. On ne voit pas pourquoi il faudrait modifier ses habitudes de vie alors qu’on va très bien. Les messages de santé publique nous passent au-dessus de la tête - ou alors, on les sélectionne : je fais 30 minutes de sport par jour, donc je peux me permettre de manger gras et sucré. Il y a un déni très fort de notre capital santé qui se dégrade en raison de nos comportements pathogènes. D’autre part, comme ces messages très généraux ne sont pas adaptés aux populations qu’ils ciblent, ils sont peu audibles. On ne parle pas du tabac à un adolescent de 14 ans qui risque de s’y mettre, de la même manière qu’à une personne de 60 ans.
Dr Christophe de Jaeger. Je pense qu’il faut continuer à marteler des grands messages de santé publique, car l’effet de répétition peut malgré tout, à terme, créer des réflexes et des conditionnements - c’est un grand principe en psychologie. Mais il faut aussi mener des actions de prévention plus restreintes, plus localisées, qui ciblent des populations spécifiques en s’appuyant sur les lieux et les interlocuteurs qu’elles côtoient. Par exemple, on peut faire passer des informations et des messages via les associations sportives pour toucher les jeunes, ou via les clubs de bridge ou de marche pour parler aux seniors… Mais la prévention, la prise en main de notre santé, elle, relève aussi de l’individuel, du personnel. Il s’agit de puiser la motivation en soi pour modifier ses comportements - et c’est souvent là que le bât blesse.
Dr Christophe de Jaeger. La méthode que j’ai développée se déroule sur plusieurs étapes. La première consiste à travailler sur l’esprit, sur la motivation : prendre conscience que rien n’est joué, que l’on peut intervenir sur notre biologie et avoir une meilleure gestion de notre capital santé pour vivre mieux, plus longtemps. Si cette étape n’est pas franchie, les suivantes, plus axées sur le corps (adopter une activité physique, faire de son médecin traitant un complice santé…) ne peuvent pas l’être. En se focalisant sur quelque chose de positif, sur toutes les études scientifiques qui démontrent les bienfaits concrets de nos changements de comportements, on est plus enclin à adopter des habitudes plus saines.
Et vous… si vous n’aviez qu’une seule habitude de vie à modifier, laquelle choisiriez-vous ?