Types de migraine, problèmes de diagnostic, traitements existants, impact psychologique : le Dr Jérôme Mawet, neurologue à l'hôpital Lariboisière, répond à toutes nos questions !
Elle touche un adulte sur cinq dont deux tiers de femmes. L'OMS la classe comme la pathologie la plus invalidante au monde chez les moins de 50 ans. Pourtant, la migraine reste mal connue, mal appréhendée, insuffisamment diagnostiquée.
A l’occasion de la Journée européenne dédiée à cette maladie, l’association La Voix des Migraineux lance le premier Sommet Francophone de la Migraine. Il rassemblera le 11 septembre des médecins, des infirmières, des patients, pour renforcer la connaissance autour de cette pathologie et donner de la visibilité au vécu des patients.
Comment améliorer leur qualité de vie ? Y a-t-il des solutions pour en venir à bout ? Les réponses du Dr Jérôme Mawet, neurologue à l'hôpital Lariboisière (Paris).
Dr Jérôme Mawet. Il existe plus de 100 types maux de maux de têtes, avec des causes très variées (un problème aux yeux, de tension, une inflammation…). C’est l’interrogatoire, lors d’une consultation chez le généraliste ou le neurologue, qui permet de déterminer si l’on est face à une migraine ou pas.
Le diagnostic se fait sur la base des symptômes décrits par les patients. L’IRM ou le scanner sont rarement nécessaires, non pour faire le diagnostic mais quand il y a un doute avec une autre affection. Les migraines sont caractérisées par des épisodes répétés, qui surviennent par crise pouvant durer jusqu’à trois jours, souvent associés à des symptômes digestifs (nausée, vomissement) et une gêne face aux bruits, à la lumière…
Il n’est pas difficile en soi de poser le diagnostic, mais beaucoup de personnes passent à côté car ils ne consultent pas pour ça - ils pensent que c’est juste un mal de tête, que ça va passer… Or, poser le diagnostic est essentiel pour atténuer les symptômes et le handicap que peut générer la maladie.
Dr Jérôme Mawet. A ce jour, les médicaments ne guérissent pas la maladie, mais ils réduisent le nombre de crises, leur intensité, leur durée… Les patients qui ont des crises ponctuelles sont traités avec des anti-inflammatoires (le paracétamol est souvent inefficace pour des crises fortes), ou des triptants, qui sont des médicaments spécifiques de la migraine. Plus ils sont pris tôt lors de l’épisode douloureux, plus ils sont efficaces. La tolérance à ces traitements est plutôt bonne, et malgré les effets secondaires rapportés (raideur, oppression dans la poitrine…), leur efficacité immédiate est très appréciée.
Pour les crises répétées, on utilise un traitement de fond, au long cours (aussi appelé prophylactique). Jusqu’il y a peu, il s’agissait surtout de traitements conçus pour d’autres maladies, qui se sont avérés efficaces dans la migraine : antiépileptiques, antidépresseurs, hypertenseurs… Ceux-là peuvent être plus difficiles à gérer pour les patients car ils ont plus d’effets secondaires.
Désormais, on dispose aussi de nouveaux traitements spécifiques pour les migraines répétées. Ils ont moins d’effets secondaires, sont mieux tolérés. Mais à ce jour, ils ne sont pas remboursés en France.
Dr Jérôme Mawet. La migraine est l’une des pathologies les plus handicapantes, quand on la comptabilise en jours de maladie. Elle peut affecter lourdement la vie privée et personnelle des patients, engendrer des états anxieux, dépressifs... Une maman me racontait qu’elle avait promis à son fils de l’emmener à Disneyland, et qu’elle n’avait pas pu y aller à cause d’une crise.
Quand ces épisodes douloureux arrivent, on ne peut pas sortir, être exposé au bruit, on doit rester au calme, se reposer… et on rate des moments importants. A terme, cela peut miner le moral.
L’impact sur le bien-être de la personne est un paramètre que l’on suit de près et il faut envisager une prise en charge psychologique dès lors que la qualité de vie se dégrade. Les TCC (thérapies cognitives et comportementales) ont démontré leurs bénéfices sur la qualité de vie des patients migraineux.
Les maux de tête, il faut les écouter ! N’hésitez pas à les évoquer avec votre médecin traitant pour mieux les comprendre et agir dessus !