La France s’apprête à refermer ses écoles. Mais cette fois pour un durée plus courte : 3 à 4 semaines selon la classe de l’enfant. Cela va-t-il réellement changer quelque chose ? Charge virale, contaminations, santé mentale et essais cliniques sur les enfants : l’équipe Dr.Good! répond à toutes vos questions.
C'est décidé ! A partir du 6 avril, toutes les crèches, écoles primaires, collèges et lycées de France seront fermés. Et ce pendant 3 semaines pour les primaires et 4 pour les collégiens et lycéens. Même si ce ne sera pas le black-out total puisque des cours à distance sont prévus toute la semaine du 6 avril, cette décision marque la fin d'une sorte d'exception française. Avec 10 semaines de fermeture depuis le début de la pandémie contre 30 en Italie, la France fait en effet figure de bon élève de la classe.
Si l'augmentation du nombre de cas a fait un bond particulièrement important chez les moins de 14 ans (+31 %) la semaine dernière, la fermeture des écoles permettra-t-elle d'éteindre la flambée épidémique ?
Dr Good répond à vos questions.
Aujourd'hui, plus de 5000 malades sont en réanimation, soit un chiffre supérieur à celui de la deuxième vague. Par ailleurs, le nombre d'enfants contaminés a considérablement augmenté. Lors des 2 dernières semaines de mars, l'incidence a doublé chez les moins de 10 ans en Ile-de-France.
Par ailleurs, le taux de télétravail reste insuffisant, et notamment dans la fonction publique où seulement un fonctionnaire sur deux télétravaille au moins un jour par semaine.
Fermer les écoles, cet « ultime recours », comme le qualifiait Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, s'est donc imposé pour faire grimper le nombre de télétravailleurs et pour baisser les contaminations. Attention, les résultats ne seront perceptibles que dans 10 à 15 jours.
De supers propagateurs au début de la pandémie, les enfants ont ensuite été considérés comme peu contagieux. Et tout particulièrement les moins de 10 ans.
Aujourd'hui, il semble établi que des enfants positifs au Covid-19 et symptomatiques ont une charge virale identique à celle des adultes et donc le risque de transmettre la maladie ne serait pas moindre.
Nous manquons de données sur les formes asymptomatiques, fréquentes chez les jeunes. Malgré tout, selon l'étude ComCor de l'Institut Pasteur, « avoir un enfant scolarisé représente un sur-risque d’infection pour les adultes, notamment ceux qui vont au collège (+27 %) et au lycée (+29 %)." En revanche, pas de sur-risque pour les adultes ayant un enfant scolarisé en primaire. Cependant, d’autres études semblent indiquer que les enfants seraient surtout contaminés dans la famille...
Dans une tribune publiée en janvier dernier, la Société française de pédiatrie a tiré la sonnette d'alarme sur « l’augmentation sans précédent des consultations ambulatoires et hospitalières, admissions aux urgences et hospitalisations pour motifs psychiatriques tels qu’anxiété, idées noires ou gestes suicidaires, souvent dans un contexte de maltraitance ».
Dans ce contexte, les spécialistes redoutent que la fermeture des écoles n'aggrave la santé mentale des enfants. Une étude menée par l'Institut italien Gaslini, et rendu public par L'opinion, montre qu'elle a aggravé « les symptômes de régression » et les « problématiques comportementales » telles que les addictions aux écrans, les troubles alimentaires, du sommeil... La fermeture des écoles n'est pour le moment limité qu’à quelques semaines.
Télétravailler, surveiller le travail scolaire, et jouer son rôle de parents, le tout dans une même journée, sans possibilité de beaucoup s'aérer relève de l'exploit. Le premier confinement a laissé certains parents exténués.
Si vous êtes dans ce cas, plusieurs aides existent. Tout d'abord, comme l'a rappelé Emmanuel Macron, « les parents qui devront garder leurs enfants et ne peuvent pas télétravailler auront droit au chômage partiel ».
Si vous êtes indépendant ou en profession libérale, un fonds de solidarité a aussi été mis en place. L'Assurance maladie explique la marche à suivre pour bénéficier de ce dispositif d'indemnisation dérogatoire des arrêts de travail.
our le moment, la vaccination des enfants n'est pas à l'ordre du jour car ils sont beaucoup moins à risques que les autres classes d'âge et parce que les essais cliniques sur les vaccins n'ont inclus aucun enfant. Cependant, des études sont en cours, et notamment chez Moderna. Le laboratoire a annoncé le 16 mars un essai vaccinal chez les 6-11 ans. Un vaccin efficace chez les enfants pourrait être disponible à l'automne.
La virologue Marie-Paule Kieny, présidente du comité vaccin Covid-19, a déclaré dans Libération que l'immunité collective ne sera atteinte que si l'on vaccine les enfants.