Depuis plusieurs années, le nombre de médecins dans les départements ruraux ne cesse de baisser. Les Français-es ont, ainsi, de plus en plus de difficultés à accéder à un généraliste. Temps d’attente avant d’avoir un rendez-vous, développement de la téléconsultation, l’équipe Dr.Good! nous éclaire sur ce phénomène des déserts médicaux.
Faire 45 minutes de voiture pour se faire vacciner contre le Covid-19. Et parfois trouver porte close. Ces dernières semaines, ces histoires de seniors éloignés des centres de vaccination illustrent une nouvelle fois la question des déserts médicaux.
Chaque Français est en moyenne à 8 minutes en voiture du cabinet de son médecin généraliste. Mais cette moyenne cache de fortes disparités. Entre 2015 et 2018, le nombre de Français qui ont eu des difficultés pour accéder à un généraliste est passé de 2,5 à 3,8 millions.
Et pour aller chez un gynéco ou un ophtalmo, le rallye s'allonge puisque 10 % des Français mettent 40 minutes en voiture.
Les déserts médicaux ne datent pas d'aujourd'hui mais d'après une étude publiée par l'Association des maires ruraux de France (AMRF), « la situation, qui est déjà grave, va devenir dramatique à court terme ».
Oui, et les écarts ne cessent de se creuser. D'après l'étude de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), « dix millions d’habitants du pays vivent dans un territoire où l’accès aux soins est de qualité inférieure à celle de la moyenne des territoires français ».
Concrètement, 148 cantons étaient dépourvus de médecins en 2017, 91 en 2010. Le nombre de médecins décline depuis 2010 dans les départements ruraux, avec une densité particulièrement faible en Centre-Val-de-Loire. Mais les départements en périphérie des grandes agglomérations (comme la Seine-et-Marne) sont aussi en manque de médecins.
Les deux ! En 2018, 6 % de la population vivait dans des territoires sous-dotés. Mais la situation est encore plus aiguë pour les spécialistes. Leur nombre est deux fois moins important dans les "départements hyper-ruraux".
La moitié des spécialistes a plus de 55 ans. Chez les gynécologues médicaux, le taux monte à 90 %. Et vu le nombre de médecins en formation, la situation n'est donc pas près de s'arranger. Les ophtalmologistes et les dermatologues affichent les plus longs délais d'attente pour un rendez-vous, avec respectivement 80 et 61 jours.
« Le retard de dépistage chez les patients de la campagne est bien documenté, souligne Emmanuel Vigneron professeur des universités à Montpellier et spécialiste de l'approche territoriale de la santé. Cela veut dire par exemple qu'un enfant de zone rurale a plus de risque de se faire opérer de l'appendicite en raison de l'absence d'un radiologue de garde. »
Trop éloigné du cabinet du généraliste ou du spécialiste, certains Français peuvent donc avoir tendance à renoncer aux soins. D'autant qu'à la distance, s'ajoute un autre obstacle : près de la moitié des Français qui renoncent à des soins le font pour des raisons financières.
C'est au programme ! Le gouvernement s'est engagé à développer des plateformes de télémédecine dans des points de contact adaptés dans les territoires ruraux, tels que les pharmacies, les maisons de santé ou encore les Ehpad. Le maire de la commune de Favril, dans l'Eure-et-Loir, a même installé une cabine de télémédecine dans les locaux de la mairie. Une première en France.
En outre, les Français se sont habitués à la téléconsultation. Avec la pandémie, les actes à distance ont explosé : 19 millions de téléconsultations en 2020 contre 320 000 durant les 18 mois précédents.
"Pour éviter la catastrophe", Dominique Dhumeaux, vice-président de l'association des maires ruraux, estime qu'il faudrait « imposer sur un temps court aux médecins généralistes d'aller dans les zones les moins dotées en médecins pour essayer de pallier cette crise. »
L'association de citoyens contre les déserts médicaux prône elle aussi une réforme de l'installation des médecins. De son côté, le ministère des Finances envisage « une adaptation temporaire à court terme de la liberté d'installation dans certaines zones particulièrement sur-dotées ».
Bercy précise que « ceci ne pourrait être mis en place que de façon progressive et en étroite concertation avec les médecins ». Et pour cause, ces derniers sont majoritairement contre.