L'AVC peut toucher une personne à tout âge. Comment être vigilant ? Quels symptômes peuvent nous alerter ? Qu'est-ce que les symptômes transitoires ? Le Pr Pierre Amarenco, chef du service de neurologie et du centre d'accueil et de traitement de l'attaque cérébrale à l'hôpital Bichat, nous éclaire.

La maladie fait peur et, pourtant, elle est évitable dans la majorité des cas. Un Français sur cinq, une Française sur quatre, subira un AVC au cours de sa vie. L’accident vasculaire cérébral survient lorsque la circulation sanguine vers le cerveau est interrompue, soit par un vaisseau sanguin bouché (AVC ischémique, le plus fréquent), soit par un vaisseau sanguin rompu (AVC hémorragique).
C’est la première cause de mortalité chez la femme, rappelle l’association Vaincre l’AVC

202 (16.51%) à l’occasion de la journée mondiale du 29 octobre. Pourtant, l’AVC est tout sauf une fatalité. Par des gestes simples, on peut l’éviter dans 80 % des cas !
C’est ce que nous explique le Pr Pierre Amarenco, chef du service de neurologie et du centre d'accueil et de traitement de l'attaque cérébrale à l'hôpital Bichat, et auteur de l’ouvrage Vaincre l’AVC (éd.du Rocher).

A quel âge faut-il commencer être vigilant vis-à-vis de l’AVC ?

Pr Pierre Amarenco. A mon sens, il n’y a pas d’âge ; je milite pour qu’il y ait des cours de santé publique dès l’école primaire, pour sensibiliser les enfants et futurs adultes aux grandes questions de santé (alimentation, surpoids, dépistage des cancers, des risques d’AVC etc). Mais en gros, un Français sur cinq aura un AVC dans sa vie à partir de 25 ans, donc c’est à cet âge qu’il faut démarrer la surveillance. Par cela, j’entends qu’il faut faire contrôler trois paramètres : le cholestérol, la glycémie et la pression artérielle. Or, personne ne connaît ces données ! Les femmes sont mieux contrôlées, car elles réalisent ces examens à plusieurs moments de leur vie (prescription de la pilule, grossesse, ménopause). Mais il faudrait que tout le monde le fasse, et que ces données soient revérifiées tous les cinq ans environ, car elles peuvent évoluer.

Pourquoi ces trois paramètres ?

Pr Pierre Amarenco. Ce sont des gros facteurs de risque d’AVC. En les prenant en charge, on diminue considérablement les risques. Par exemple, derrière une arythmie cardiaque peut se cacher une fibrillation atriale – qui est un important facteur de risque d’AVC. Or, en prenant un traitement anticoagulant pour soigner la fibrillation atriale, on diminue de 80 % le risque de faire un AVC. Pour savoir si l’on a une arythmie cardiaque, on peut faire un test très simple : placer son pouce ou son index sur la gouttière radiale (située sur le poignet), là où l’on sent battre le pouls. Mesurer pendant 20 à 30 secondes son pouls. S’il est régulier, tout va bien. Sinon, il faut aller consulter. Idem, si l’on a du cholestérol, il ne suffit pas de prendre des statines ; il faut faire une échographie carotidienne [examen des artères carotides qui irriguent le cerveau, ndlr].
Avec l’association Vaincre l’AVC, on propose un test en ligne pour mesurer son risque face à l’AVC. Ça prend quelques minutes, puis on reçoit un compte-rendu détaillé et personnalisé avec plein de conseils pour agir.

Y a-t-il d’autres signes à surveiller ?

Pr Pierre Amarenco. Oui, les symptômes transitoires. Dans 75 % des cas, les AVC surviennent sans pré-symptômes, mais pour les autres (soit 1 cas sur 4), ils font suite à un accident ischémique transitoire (AIT). Il s’agit des mêmes symptômes que l’AVC, sauf qu’ils sont brefs et disparaissent presque instantanément (quelques secondes ou minutes) : paralysie ou engourdissement d’un membre, perte de la parole, de l’équilibre, trouble de la sensibilité… Si cela arrive, il ne faut pas rester tranquillement chez soi. Il faut consulter tout de suite. L’AIT, c’est vraiment la fumée du volcan, le signe avant l’irruption – l’AVC. C’est la meilleure opportunité de détecter un risque d’AVC. A Bichat, nous avons ouvert une clinique SOS AIT, et c’est un modèle qui a été répliqué. On fait un bilan en 3 heures, en ambulatoire. Sinon, pour tout le monde, il y a deux composantes très importantes à surveiller : la sédentarité et le surpoids, grands pourvoyeurs d’AVC.

Si votre généraliste ne vous propose pas de réaliser ces examens préventifs, n’hésitez pas à lui en parler  !