Plus de 50 000 nouveaux cas de Covid chaque jour. Les chiffres ne laissent aucun doute. L’épidémie flambe à nouveau. Et deux nouveaux variants (BA.4 et BA.5) sont en train de s’imposer dans toute l’Europe.
Le Pr Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, a lancé un appel pour que les plus de 60 ans et les personnes fragiles se fassent administrer une nouvelle dose de vaccin.
Pour autant, faut-il s’inquiéter ? Quelles précautions individuelles faut-il prendre ? Les réponses du Pr Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’immunologie clinique et maladies infectieuses à l’hôpital Henri Mondor et membre de la commission vaccination de la Haute autorité de Santé.
Pr Jean-Daniel Lelièvre. Les BA.4 et BA.5 sont des sous-variants d’Omicron. A ce stade, nous n’avons aucune raison de penser qu’ils sont plus dangereux qu’Omicron ; ils ne sont pas responsables de formes plus sévères.
Les principaux symptômes sont la fatigue, la toux, la fièvre et les maux de tête. Et nous observons un retour de la perte de goût et d’odorat avec ces nouveaux variants. Par ailleurs, les vaccins existants et les infections antérieures ne sont pas très protecteurs contre les BA.4 et BA.5 sauf pour les formes sévères. Cependant, il existe une autre forme d’immunité, dite cellulaire, qui est assurée par les lymphocytes T. Et celle-ci semble être efficace contre les formes sévères.
Pr Jean-Daniel Lelièvre. Oui, c’est probable mais pour le moment, nous ne sommes globalement pas inquiets même si la 7ème vague est bien là. Nous voyons revenir davantage de personnes aux urgences mais pas en hospitalisation, sauf chez les plus de 80 ans. Et le nombre de décès continue de baisser.
De plus, comme nous sommes en été, et que nous vivons davantage à l’extérieur, ce sont des conditions qui nous rendent plutôt optimistes.
Là où je tempèrerai mes propos, c’est qu’en plein mois d’août, nous serons au pic de l’épidémie, le nombre de cas sévères va mathématiquement augmenter et c’est précisément à cette période que nous manquons le plus de personnel dans les hôpitaux.
Pr Jean-Daniel Lelièvre. Pour faire face à cette vague et étant donné l’état de l’hôpital, il faudrait sans doute remettre les masques dans les transports en commun, favoriser au maximum le télétravail et limiter les contacts sociaux.
Les festivals d’été sont par exemple des lieux de grand brassage de population. Autrement dit, vivre au maximum une vie normale, sans faire n’importe quoi et en ayant à l’esprit que ce virus est durablement avec nous.
Quant à déployer une large campagne de vaccination, cela ne me semble pas nécessaire. Non seulement, parce que le vaccin est peu protecteur contre ces variants, mais aussi parce que nous sentons une forme de lassitude dans la population.
En revanche, les personnes les plus à risques doivent faire la quatrième dose pour se protéger des formes sévères. C’est-à-dire les personnes de plus de 65 ans qui le souhaitent et qui sont soit à très haut risque de forme sévère de la maladie, soit polypathologiques
A-t-on une idée de la durée de cette 7ème vague ?
Pr Jean-Daniel Lelièvre. La situation épidémique est assez semblable dans toute l’Europe de l’Ouest et du Sud. Mais, c’est le cas du Portugal qu’il est intéressant de regarder parce que les contaminations avec les variants BA.4 et BA.5 sont apparues début mai. Le nombre de contaminations est resté en dessous de celui enregistré lors de la vague de janvier. Et depuis début juin, nous assistons à une décrue au Portugal.
Cependant, cette épidémie nous a appris à être prudent. Les situations de la France et du Portugal ne sont pas totalement comparables, notamment parce que nous avons par exemple un taux de vaccination inférieur.