Ces derniers mois, avec l'arrivée du Covid, un grand nombre de Français et de Françaises se sont investis dans les applications de rencontre. Les conséquences ? Le développement d'une nouvelle communication sexuelle digitale, la multiplication des nudes et la formation de couples par ce biais. Alexandra Hubin, sexologue, en témoigne.
La crise sanitaire a eu des impacts à bien des égards. Notamment sur la vie sexuelle des Français, dans laquelle le digital a pris une place prépondérante.
Selon un sondage Ifop, (1) près d'un tiers des Français qui se sont mis en couple depuis la fin du premier confinement ont rencontré leur partenaire sur une appli ou un site (+18 points depuis janvier 2020). Ces applis ont été davantage activées dans l'optique d'une relation sérieuse (62 %) que pour une relation d'un soir (56 %).
Sans devenir une pratique de masse, la digitalisation de la rencontre et de la sexualité s’est propagée au sein de la société - d’abord pour faire face au confinement, mais aussi parce que cela correspond aux usages contemporains.
Dr Good décrypte cette tendance avec le Dr Alexandra Hubin, sexologue.
(1)« Étude Ifop pour CAM4 et Hot Vidéo réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 7 au 10 juin 2021 auprès de 3 004 personnes et par téléphone du 19 au 20 juin 2021 auprès de 1 002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 69 ans résidant en France métropolitaine . »
Dr Alexandra Hubin. Oui, car elle développe une autre manière de communiquer dans notre sexualité. Face au confinement et à la fermeture des lieux publics, la communication érotique par écrans interposés s'est encore davantage répandue. Il s'agit d'une autre façon d’être stimulé dans la sexualité : le sexto qu’on reçoit en pleine réunion, le SMS qu’on rédige pour amorcer une relation… Cette communication digitale, en plus de pallier le sentiment de solitude que beaucoup de personnes ont particulièrement ressenti durant le premier confinement, permet de stimuler l’excitation sexuelle et le jeu de séduction à distance.
Elle a aussi entraîné d’autres risques, sur lesquels il est nécessaire d’avoir des messages préventifs.
Dr Alexandra Hubin. D’abord, concernant la diffusion d’images sur Internet. Le « nude » est devenu une pratique relativement fréquente ; or, en envoyant une photo, on laisse une trace digitale de soi, de son corps.
Il faut se rappeler qu’on ne sait jamais comment va évoluer une relation, s’il y aura un jour du ressentiment, de la colère… Donc il est important de ne jamais être reconnaissable sur un nude - pas de visage, ni aucun signe distinctif.
Par ailleurs, il y a la question de la rencontre réelle. Quand on drague via les applis, on est privé du sensoriel, du pouvoir de sentir l’autre, que l’on a dans la vraie vie. Il est essentiel de se rencontrer d’abord dans des lieux publics pour s’écouter, sentir s’il y a une alchimie entre les corps.
Dr Alexandra Hubin. Pendant le premier confinement, cette façon de communiquer s'est très largement répandue. Les applis et les sites de rencontre ont connu un essor remarquable. On peut observer que la tendance demeure.
Les utilisateurs restent majoritairement des jeunes, mais on voit que ces outils attirent aussi des personnes de tous les âges, de toutes les professions, de toutes les classes sociales. Je ne connais pas l’avenir mais à mon sens, on ne passera pas à côté de ça.