J'avais applaudi des deux mains et ça a marché : avec 3 176 morts sur les onze premiers mois de l'année 2018, cela faisait 193 tués de moins qu'en novembre 2017. Cela devrait permettre d'atteindre un niveau proche du plus bas historique de 2013 (3 427 tués).
Mais six mois plus tard, alors que la France gronde depuis trois mois dans les rues et sur les ronds-points, Emmanuel Macron a passé la marche arrière : « au fond, l'objectif c'est de réduire le nombre de morts sur les routes. Il y a des propositions qui ont été faites par le gouvernement. Est-ce qu'on peut faire quelque chose qui soit mieux accepté et plus intelligent ?». Sans doute, oui.
En une petite phrase, le Président a dévalorisé ses équipes et spécialistes de la question, fragilisé la mesure et ses premiers résultats pourtant encourageants. De plus, il a rouvert une porte qu'il avait pourtant courageusement fermée aux lobbyistes de tous poils - qui n'ont d'ailleurs pas mis une seconde à glisser leur pouvoir de nuisance dans la brèche.
Alors M. Le Président, puisque l'on parle d'intelligence, la bonne décision serait de poursuivre cette expérimentation des 80 km/h, sans compromis et pendant les deux ans que vous lui aviez accordée. Le temps d'en faire un bilan comptable mais aussi le temps d'observer l'évolution du comportement des Français qui a besoin de plus de six mois pour changer radicalement. Ne pas s'y tenir décrédibiliserait votre engagement auprès des Français que vous avez pourtant le devoir de protéger.